Revisiting Pierre Clastres’ political treatises through linguistic epistemology and transformative anthropology Texte bilingue Clastres/Cartry/Bertaux/Fall.

Texte bilingue   CLASTRES/ CARTRY/ BERTAUX/FALL

A  Pierre Clastres et à Michel Cartry    [*]

« La mort est un événement trop important pour être dû au hasard »  1 Jorge-Luis Borges 

To Pierre Clastres and Michel Cartry 

« Death is far too important to be left to chance »  Jorge-Luis Borges

1. Relecture des thèses politiques de Pierre Clastres  à partir de l’épistémologie linguistique et de l’anthropologie transformationnelle 

1. Revisiting Pierre Clastres’ political treatises through linguistic epistemology and transformative anthropology 2

INTRODUCTION

2. C’est Michel Cartry qui m’a fait rencontrer Pierre Clastres en 1974. Je vais raconter d’abord ma rencontre avec Cartry. Ce n’est pas un détail. Mon rapport à Clastres et à son œuvre a été filtré par Cartry. Linguistique mathématicien, spécialiste des pratiques divinatoires européennes et chinoises depuis 1962, doctorant en linguistique sémantique avec Oswald Ducrot en 1974, je suis devenu vraiment ethnologue africaniste grâce à Michel Cartry et à Pierre Clastres.

INTRODUCTION

2. Michel Cartry is the one who introduced me to Pierre Clastres in 1974. I will begin by recounting my meeting with Cartry, which is hardly a detail. My relationship with Clastres and his work was channeled by Cartry. As a mathematical linguist, specialized in European and Chinese divinatory practices since 1962, having acquired my PhD in semantic analysis with Oswald Ducrot in 1974, I was to become an African ethnologist on account of Michel Cartry and Pierre Clastres.

3. Je ne connaissais pas l’œuvre de Pierre Clastres à l’époque où je l’ai rencontré. Par contre, Michel Cartry connaissait parfaitement l’œuvre ethnographique et politique de son ami. Et en m’écoutant, il pensait inévitablement à Clastres. Je fus le filtre qui permit de renouveler un passage entre Cartry et Clastres. Pourquoi renouveler ? Parce que le lien s’était déjà modifié entre ces deux grands amis, militants philosophes communistes de la cellule du PC de la Sorbonne  autour de François Châtelet , qui distribuaient des tracs, qui réfléchissaient à leur praxis juste avant le drame de l’invasion de la Hongrie en 1956 et celui de l’annonce officielle par Khrouchtchev des crimes de Staline . C’est le drame de 1956 qui transforma l’engagement politique des quatre jeunes étudiants en philosophie de François Châtelet (Cartry, Sébag, Clastres, Adler) en les faisant passer de la philosophie à l’ethnologie. Michel Cartry  et Alfred Adler  choisirent l’Afrique de Marcel Griaule (1898-1956) et de Germaine Dieterlen (1903-1999), revue par Georges Balandier. L’un et l’autre rencontrèrent l’anthropologie religieuse et l’anthropologie politique et ils firent un travail sur la divination. Sebag et Clastres choisirent  l’Amérique avec Alfred Métraux (1902-1963) et Claude Lévi-Strauss (1908-2009). L’un et l’autre rencontrèrent l’anthropologie politique et l’anthropologie religieuse et ils firent un travail sur la mythologie.

3. I was not familiar with the work of Pierre Clastres at the time that I met him. On the other hand, Michel Cartry was well versed in the ethnological and political work of his friend. Listening to me inevitably reminded him of Clastres. I was to become the channel that would renew the transmission between Cartry and Clastres. Why renew ? Because the bond between these two friends had been modified ; as militant communist philosophers of the Communist Party faction of la Sorbonne surrounding François Châtelet 3, who distributed pamphlets, who reflected upon their praxis prior to the dismal 1956 invasion of Hungary and the official annoucement by Khrushchev of the Stalinian crimes 4. The unfortunate circumstances of 1956 are responsible for having transformed the political engagement of these four students, as followers of François Châtelet’s philosophy (Cartry, Sébag, Clastres, Adler) having them transfer from philosophy to ethnology. Michel Cartry5 and Alfred Adler 6 chose Marcel Griaule (1898-1956) and Germaine Dieterlen’s  (1903-1999) perspective on Africa, revisited by Georges Balandier. Both came across religious and political anthropology and worked on divination. Sebag7 and Clastres chose America with Alfred Métraux (1902-1963) and Claude Lévi-Strauss (1908-2009). They met up with political and religious anthropology and produced a work on mythology.

Ma rencontre avec Michel Cartry et Pierre Clastres

4. En 1974, Michel Cartry était encore très proche de Clastres et très nostalgique de le voir s’orienter vers des efforts intellectuels philosophiques, ce qui l’éloignait de son travail d’ethnologue. Michel ne pouvait pas entendre mon travail d’épistémologie linguistique sans me parler de Clastres.Lorsque j’ai communiqué à Cartry les résultats de ma recherche en épistémologie des sciences que je définis comme l’étude des propriétés linguistiques des théories scientifiques (en particulier en géométries non euclidiennes et en logique mathématique), Michel Cartry ne put s’empêcher de s’exclamer : « Ah ! Il faut absolument que je te fasse rencontrer mon ami Pierre Clastres ». Et dès le retour de Pierre d’Amérique (où il avait fait une courte enquête chez les Guarani du Brésil) Michel et moi, nous frappions rue Gay-Lussac. Michel me présentait à Clastres . Nous avons parlé ce jour-là de tout autre chose que de linguistique théorique appliquée à l’ethnologie du divinatoire. Mais nous nous sommes revus et ma théorie dite avec plus de précision a fort intéressé Pierre Clastres.

My encounter with Michel Cartry and Pierre Clastres

4. In 1974, Michel Cartry was still closely in touch with Clastres and nostalgically hoping that he would direct his intellectual efforts towards philosophy, which distanced him from his work as an ethnologist. Michel could not give an ear to my work in linguistic epistemology without referring to Clastres. When I shared the results of my research in scientific epistemology, that I define as the study of linguistic properties inherent to scientific theories (in particular non-Euclidean geometry and mathematical logic), Michel Cartry could not help but exclaim : « Oh ! You need to meet my friend Pierre Clastres ». Upon Pierre’s return from America (where he had briefly investigated Brazil’s Guarani people) Michel and I met with him rue Gay-Lussac. That day we spoke of everything but theoretical linguistics applied to the ethnology of divination. However, in a subsequent meeting, I went into greater detail and Pierre Clastres took great interest in my theory.

5. Et je le comprends a posteriori facilement, car il suffit d’un peu de réflexion pour voir que mon théorème d’épistémologie linguistique est  proche de l’énoncé principal de la théorie politique de Pierre Clastres : « Les sociétés sans Etat sont des sociétés contre l’Etat ». A mon avantage, mon énoncé principal avait un double intérêt. Il n’indisposait pas les ethnologues classiques, à la différence de l’énoncé de Pierre Clastres. Cartry qui était dérangé par l’énoncé de Clastres était enchanté par mon théorème. Mon énoncé est démontrable. Je savais techniquement de quoi je parlais, ce qui n’est pas le cas d’un énoncé philosophique. Il était général puisqu’il est valable pour toute science – physique, mathématique, biologie, etc. Il était tout de suite applicable en linguistique et en ethnologie, en particulier sur les matériaux de terrain de Michel Cartry.

5. Looking back I understand why, given that my theorem on linguistic epistemology is comparable to Pierre Clastres’ principal political theory enunciated as follows : « Societies without State are societies opposed to State ». To my advantage, my principal enunciation comprised a double interest. It did not disquiet the classical ethnologists, as opposed to Pierre Clastres’ enunciation. Cartry, troubled by Clastres’ statement, was pleased with my theorem, for it was justifiable. I had technical knowledge regarding what I was talking about, which is not the case when one posits a philosophical enunciation. It could be applicable to any science – physics, mathematics, biology, etc. It was immediately applicable to linguistics and ethnology, in particular to Michel Cartry’s field materials.

6. J’ai rencontré pour la première fois Michel Cartry à l’université Paris 7-Jussieu. Il présentait la géomancie gourmantchè de Haute Volta (future Burkina Faso). C’était un homme robuste, grand, barbu, calme, sombre, réfléchi et sévère. Je vins le voir à la fin de son cours pour lui manifester mon admiration.

6. I met up with Michel Cartry for the first time at the université Paris 7-Jussieu. He was lecturing on the geomancy of Haute Volta’s Gourmantche People (future Burkina Faso). He was a tall and sturdy man with a beard and a calm and sombre disposition, who appeared to be both  thoughtful and stern. I approached him at the end of his talk to convey my admiration.

7.  C’est grâce à mon théorème d’épistémologie linguistique que j’ai été lauréat de la Fondation de la Vocation  en décembre 1974.  Peu intéressé par les textes philosophiques qui ne font pas l’usage d’un formalisme mathématique  -mon idéal est galiléen-  je  ne connaissais pas la théorie de Clastres. Je n’ai pas fait le rapprochement que l’on peut facilement faire entre mon théorème d’épistémologie linguistique et les thèses de Clastres. Je me suis mis à relire la « Chronique des Indiens Guayaki » [1972] -cette petite merveille- et à relire « La Société sans Etat » [1974]. Je compris alors ce qu’avaient dû entendre -à mon insu-  Michel Cartry et Pierre Clastres.  Je pus penser les analogies formelles et les équivalences ainsi que les différences.  Je ferai ici le jeu des équivalences. C’est le plus intéressant, car en superposant les deux énoncés [l’un démontré, l’autre énoncé] il est possible de préciser  techniquement le REEL sur lequel se fondent les thèses politiques de Pierre Clastres. Certes, ce n’est pas avec les thèses de Pierre Clastres seules qu’on peut faire les découvertes que j’ai faites – ou que je crois avoir faites, mais nous ferons semblant : un discours pouvant -sans les confondre- en éclairer un autre.

7. It was my theorem on linguistic epistemology which enabled me to be designated prizewinner of la Fondation de la Vocation 8 in December of 1974. My ideal can be qualified in terms of Galileo’s scientific method – I am scarcely interested in philosophical texts which do make use of mathematical formalism – I was not familiar with Clastres’ theory. I did not make the link which can be easily made between my theorem of linguistic epistemology and Clastres’ treatises. I re-read « Chronique des Indiens Guayaki » [1972] –a true marvel- and «La Société sans Etat » [1974]. I realized then, how, unbeknownst to me, this had appeared to Michel Cartry and Pierre Clastres. I reflected on the formal analogies and equivalences as well as the differences. I will hereby demonstrate the interplay of equivalences. It is the most interesting aspect for by superimposing the two statements (one demonstrated, the other enunciated) it is possible to technically define the REAL on which Pierre Clastres founded his political treatises. Granted it is not solely through Pierre Clastres’ treatises that one can uncover what I did – or that I believe I did, but we will pretend : one discourse which could –without mixing them up- shed light on another one.

Théorie linguistique générale du projet classique des sciences

8. Mon théorème d’épistémologie linguistique s’énonce ainsi: MT= « Le langage du projet classique des sciences ne peut appréhender aucun objet de langage ». (« Appréhender » , signifiant « décrire, expliquer et/ou comprendre ») . Pour Cartry -et pour les ethnologues en général- j’énonçais le MT à l’envers : TM = « Aucun objet de langage ne peut être appréhendé à partir des techniques de description et d’explication que développe le projet classique des sciences ». C’est cet énoncé à l’envers  -fort acceptable pour un ethnologue- qui est formellement  équivalent [je ne le savais pas] à l’énoncé  politique -peu acceptable pour un ethnologue- de Pierre Clastres (énoncé que je note T). En avril 1974, j’avais communiqué mon énoncé TM à  Michel Cartry. C’est l’équivalent exact de l’énoncé philosophique T de Pierre Clastres. Celui même qui fâchait tous les ethnologues. Si on énonçait mon TM dans le T de Pierre Clastres : «  Les sociétés sans Etat sont contre l’Etat » , on aurait le T™ suivant : « Dans  l’espace d’une société sans Etat, vos matériaux ethnologiques développent des propriétés langagières qui nous paraissent extraordinaires, mais qui sont redoutables parce qu’elles ne peuvent  être décrites et comprises  que si vous faites exploser les limites langagières que présuppose la sémiotique de Greimas  en fracassant le sujet canonique des sciences, supposé sans corps, sans variations sitologiques, sans mutations topologiques, caractéristique de la société à Etat à laquelle Greimas participe de façon inavouable ».

General linguistic theory of the classical science project

8. My theorem on linguistic epistemology is enunciated as follows: MT= « The language of the classical science project cannot perceive any object of language ». (« Apprehend », which means « describe, explain and/or understand »)9. For Cartry –and ethnologists in general –I was enunciating the MT backwards : TM = « No object of language can be perceived from the descriptive and explanatory techniques developed through the classical science project ». It is this reverse enunciation – quite acceptable for an ethnologist – which is formally equivalent [I did not know] to the political enunciation –not as acceptable for an ethnologist- of Pierre Clastres’ (enunciation marked as T). In April of 1974, I shared my TM enunciation with Michel Cartry. It is the exact equivalence of Pierre Clastres’ T philosophical enunciation. The same one which flustered all the ethnologists. If we were to enunciate my TM in Pierre Clastres’ T « Societies without State are opposed to State », we would have the following T™ : « In the sphere of a stateless society, your ethnological material develops language properties that appear to be extraordinary, but that are ardous for they cannot be described and understood unless you break the language realms which presuppose the Greimas semiotic 10 which shatter the canonical subject of science, believed to be deprived of body, sitological variations, topological mutations, characteristic of the state society to which Greimas inadmittedly participated».

9. L’articulation « Société à Etat / Société sans Etat » que je noterai S1/S2 n’indique rien d’autre de plus qu’un RAPPORT FORMEL entre la « Société des observés » [S2] (au pluriel : une société disposant de corps humains car  elle est non unifiée dans un seul observé) et la « Société de l’observateur » [S1]  (au singulier : un observateur supposé sans corps humain car unifié dans ses observateurs en un SEUL observateur).

9. The enunciation « Society to State / Society without State » that I will label S1/S2 indicates nothing more than a FORMAL RELATIONSHIP between the « Society of those observed » [S2] (plural : a society composed of human bodies for it is not unified through a single observer) and the « Society of the observer » [S1] (singular : an observer supposedly void of a human body for it is unified through its observers in a SINGLE observer).

Topologie linguistique et anthropologie transformationnelle

10. J’ai créé dans ma vie de chercheur trois  méthodologies : L’une que j’appelle « Topologie linguistique » est une conséquence de mon « approche linguistique des théories scientifiques ». Cette théorie je l’ai construite entre 1970 et 1974, avant mon départ en Afrique. Pierre Clastres l’a bien connue de 1974 à 1977. Je l’avais mise à l’épreuve en ethnologie en écrivant, avec Michel Cartry, à la demande de Pierre Clastres en vue d’une parution pour la « Nouvelle Revue de Psychanalyse » dirigée par Jean-Bertrand Pontalis, un texte sur l’approche topologique de la  sortie  des figures de géomancie du devin gourmantchè .

Linguistic topology and transformative anthropology 

10. In my career as a researcher, I’ve created three methodologies 11 : One that I’ve entitled « Linguistic topology » is a consequence of my « linguistic approach to scientific theories ». This theory was elaborated between 1970 and 1974, prior to my departure for Africa and was well-known to Pierre Clastres from 1974 to 1977. I had tested it, ethnologically-speaking, by writing with Michel Cartry, at the request of Pierre Clastres, in order to be published in the « Nouvelle Revue de Psychanalyse » directed by Jean-Bertrand Pontalis, a paper on the topological approach to the geomantic figures generated by the Gourmantchè soothsayer 12.

 

11. Dès 1974, la sympathie qu’il y a eu entre Michel, Pierre et moi a été telle que mes deux aînés ont tout fait pour que je bascule de la linguistique mathématique à l’ethnologie de terrain en pays exotique. Dans l’année [1974], c’est-à-dire en très peu de temps, ils me firent donc passer -j’étais une victime consentante- du statut d’étudiant en linguistique mathématique à celui d’ethnologue professionnel. J’étais pour eux une très bonne recrue en ethnologie. Cartry était sûr de moi. J’étais très proche de Michel Cartry quant au travail de réflexion qu’impose une technique complexe comme la géomancie en pays gourmantchè. J’étais, par contre, plus proche de Clastres dans le cadre d’une ethnologie attentive aux gestes, aux façons de faire, aux façons d’énoncer, aussi bien des paroles que des silences .

« C’est souvent sous l’innocence d’un geste à demi esquissé, d’une parole vite dite que se dissimule la singularité fugitive d’un sens, que s’abrite la lumière où prend vie tout le reste » Pierre Clastres, Chronique des Indiens Guayaki, 1972.

11. As of 1974, there was such a cordial feeling between Michel, Pierre and I that my two elders made considerable efforts to have me cross over from mathematical linguistics to field ethnology in an exotic setting. In the year [1974], that is in a very short time, they had me switch from being a student of mathematical linguistics to assuming the role of professional ethnologist – I was a consenting victim -. They considered me to be a talented recruit for ethnology. Cartry had faith in me. My reflections were faithful to those of Michel Cartry as regards such a complex technique such as geomancy in the land of the Gourmantchè. I was, however, closer to Clastres as concerns ethnology which is mindful of gestures, ways of executing, ways of delivering both words and silences 13.

« An innocent and partly performed gesture, a word quickly spoken will often uncover the fugitive uniqueness of a meaning, withhold light or give life to all the rest » Pierre Clastres, Chronique des Indiens Guayaki, 1972.

12. Comme Clastres je suis extrêmement intéressé par les dimensions signifiantes des postures et des gestes. Je travaillais cependant ce registre avec les outils de la topologie linguistique  – une géométrie du langage articulé  – ce qui me  permettait d’être plus intéressé par le « signifiant » des actes de langage que par leur « signifié ». Une théorie de l’acteur comme celle que l’on peut désigner sous le terme d’«individualisme théorique » (l’« individualisme méthodologique » étant en tant que méthodologie fort respectable) est la plaie de l’ethnologie, de la sociologie et de l’histoire. Ce ne sont pas des  « penseurs » qui ont un beau jour décidé de « faire des hommes et des femmes » qui n’auront plus de rapports sexuels avec leurs parents. Les  femmes et les hommes  en tant qu’ETRES SOCIAUX ayant incorporé LE DOUBLE ESPACE DU LANGAGE ARTICULE se développent dans des espaces sémiologiques de langage qu’ils « désémiologisent » partiellement en les incorporant pour qu’ils puissent entre eux -synchroniquement- réaliser une humanité partageable . Ce n’est que grâce à l’existence de ce fond « sémiologique désémiologisé » partageable qu’ils arrivent à énoncer des choix linguistiques de signes -parmi les signes non désémiologisés qui leur restent- pour décoder sans effort des structures de phrases.

12. Like Clastres I am very interested by the meaningful dimensions of postures and gestures. However, I was working on this using tools pertaining to linguistic topology- a geometry of articulated language 14 – which enabled me to devote more interest to the « signifier » in language acts than by its « signified ». An approach of organized action such as the one designated in the term « theoretical individualism » (« Methodological individualism » was highly respectable in terms of a methodology) is the plague of ethnology, sociology and history. It is not « thinkers » that have decided one day to « create men and women » which would refrain from having any sexual intercourse with their parents. Men and women as SOCIAL BEINGS having incorporated THE DOUBLE SPACE OF ARTICULATED LANGUAGE develop themselves within semiological language spaces that they partly « desemiologize » by incorporating them in order to synchronously realize together – a humanity which can be shared 15. It is only due to this shared foundation of « desemiologized semiology » that they succeed in enunciating linguistic sign choices – amongst those non-desemiologized signs left – in order to effortlessly decode phrase structures.

13. La ré-énonciation du sémiologique qu’efface l’encodification des corps est le déclencheur du savoir religieux.

13. The re-enunciation of semiology which obliterates bodily encodifications triggers religious knowledge.

14.  L’énonciation du linguistique qui fait  un usage sémiologique de l’arbitraire du signe est le déclencheur du registre du politique.

14. Linguistic enunciation which makes semiological use of a sign’s arbitrariness triggers the political register.

15.  Le linguistique est très certainement le résultat du travail institué des devins. Un  petit groupe d’humains  n’a pas besoin -ne peut pas-  créer par génération spontanée une langue. Il n’a pas besoin d’une langue pour communiquer. Des coups de coudes suffisent. Il n’a rien à dire, avec des phrases, qui ne soit déjà dit. Pour créer une langue, il faut passer par la fameuse « MALENCONTRE » historique de Clastres/La Boétie. Pour que les signes arrêtent de faire sens, il faut pouvoir arrêter de décoder les signes silencieux laissés par les âmes supposées des morts, qui font retour de façon obsessionnelle, dans le cri des animaux et leurs traces sur le sable. Il faut, pour cela, un travail d’institution qui demande des milliers, peut-être des millions d’années. C’est le travail des shamans, des devins, qui arrivent à faire que les espaces sémiologiques de dimension diachronique, encore mal domestiqués par un manque de langue, arrivent à se taire. Un devin spécialiste des araignées arrive à faire taire tous les autres animaux. C’est une conquête plus grande que celle de la Lune. Car si tous les autres animaux n’arrivent pas à se taire, plus personne ne peut se comprendre.

15. Linguistics is most certainly the result of the work instituted by the soothsayers 16. A small group of humans has no need – cannot create language through spontaneous generation. They do not require language to communicate, a gesture of the elbow will suffice. Nothing has to be said, with phrases, that haven’t already been said. To create language, one must go through the infamous historical «MALENCONTRE/MISFORTUNE » of Clastres/La Boétie17. In order for the signs to stop making sense, one must be able to decode the silent signs left by the presumed souls of the departed, which reappear obsessively, in the cries of animals and their traces on the sand. In order to do this, one must have recourse to an institutional work which requires thousands, perhaps millions of years. It is through the work of shamans, soothsayers, that semiological spaces of diachronic dimension, still poorly domesticated by a lack of language, manage to silence themselves. A soothsayer, specialized in spiders, can make any animal hush up. It is a far greater feat than space travel, for if all the other animals do not manage to hush themselves, no one can understand each other.

Il est rare qu’un ethnologue commence son œuvre 

par la description d’une naissance

16. Pierre Clastres, aussi bien que Michel Cartry, ont questionné le registre du NAITRE SOCIAL collectif des groupes sociaux qu’ils étudièrent -Guayaki du Paraguay,  Gourmantchè de Haute Volta (Burkina Faso).  La relève de la naissance Guayaki, – qui  va du « sol de l’accouchée » [i/i’] au site amnésié [ j ] d’où se loge le fantasme d’un naître replacé dans une histoire sociale, est recherchée par tous les géomanciens (que je connaisse). Le Jaguar Guayaki apparaîtra mortellement sur le lieu j’=j de cette relève, si le père de l’enfant fait tomber son regard en i/i’ dans la scène de l’accouchement. De même, le but de la géomancie est de permettre à des groupes sociaux de retravailler leurs NAITRES SOCIAUX sans détruire leurs  ETRES SOCIAUX. C’est par l’étude des sémiologies de la naissance que Michel Cartry et Pierre Clastres interrogèrent l’anthropologie religieuse et l’anthropologie politique.

Rarely will an ethnologist start his work

by recounting the description of a birth

16. Pierre Clastres, as well as Michel Cartry, questioned the register of the collective SOCIAL BIRTHS of the social groups that they studied – Paraguay’s Guayaki, the Gourmantchè of Haute Volta (Burkina Faso). What replaces the birth of the Guayaki, – which starts in the « ground of the one who is born» [i/i’] to the amnesic site [j] which houses the fantasy of a birth replaced within a social history – is sought out by all geomancers (that I know). The Guayaki Jaguar will fatally appear on the j’=j site of this birth, if the father of the child casts his gaze in i/i’ in the birthing place. As well, the purpose of geomancy is to allow social groups to rework their SOCIAL BIRTHS without destroying their SOCIAL BEINGS. It is through the study of birth semiology that Michel Cartry and Pierre Clastres questioned religious and political anthropology  18.

17. Si dans le NAITRE Guayaki décrit dès le début du chapitre premier de la « Chronique des Indiens Guayaki »[1972] de Pierre Clastres, les témoins de l’accouchée  restent en silence dans leurs paroles sonores comme dans les paroles de leurs visages, réglant malgré leur joie l’absence de leurs sourires, c’est afin que la « naissance-parole » de l’enfant -qui tombe dans une béance langagière où se loge « la merde d’une pute de mère »- soit rehaussée, pour qu’il échappe à la béance « sans parole » où se loge la mère biologique de tout homme. La grammaire de l’être social se déploie à l’intérieur d’une sémiologie comme le fait l’acte d’énonciation d’une suite de mots réglée dans une grammaire. Les mots, les phrases et les discours sont les corps-mots, les corps-phrases, les corps-discours d’une grammaire de l’ETRE SOCIAL cherchant à  produire la mise en silence des signes de l’histoire de cet ETRE écrite avec du corps, des postures, de la pensée et de l’image. Pierre Clastres ethnologue a eu la finesse de repérer -grâce à son travail d’écriture- cette anthropologie des gestes, essentielle au travail  du divinatoire.

 

17. If in the Guayaki BIRTH described in the beginning of chapter one of Pierre Clastres’ « Chronique des Indiens Guayaki »[1972], the birthing witnesses remain in silence in their audible words as well as in the ones articulated by their faces, regulating despite their joy, the absence of smile, it is in order for the « birth speech » of the child- that falls in the language gap that shelters « the shit of a whore mother » – to be enhanced, in order to escape the « speechless » gap which shelters the biological mother of all men. The grammar of any social being deploys itself within a semiology as would the enunciation act of a sequence of words governed by grammar. Words, phrases and discourses are the body-words, body-phrases, body-discourses of a SOCIAL BEING’s grammar which aims to produce the silencing of this being’s historical signs written by his body, his postures, thought and image. Pierre Clastres, the ethnologist, was witty enough to notice –due to his writing- this anthropology of gestures, which remains essential to the soothsayer.

18.  Bref, dès 1974, entre Pierre, Michel et moi, les sympathies furent très grandes. Nous étions tous les trois convaincus de la nécessité d’une révolution épistémologique générale. Michel et Pierre la préparaient sur l’ethnologie à partir de la philosophie -et de la lucidité critique que leur militantisme de jeunes communistes autour de François Châtelet- un des meilleurs philosophes parisiens de cette époque- avait pu produire. Moi, je la mûrissais en mathématiques, en physique théorique et en biologie formelle en visant la philologie [hindoue, chinoise] et la linguistique. Je développais ma  recherche depuis l’âge de 17 ans [1961].

18. In short, as of 1974, there was a lot of affinity among Pierre, Michel and I. We were all convinced that an overall epistemological revolution had become a necessity. Michel and Pierre were laying the groundwork for an ethnological change based on philosophy – and the lucid criticism provided by the young communist militants surrounding François Châtelet- one of the most reknown Parisian philosophers at the time. On my end, I had been evolving in mathematics, theoretical physics and formal biology through the study of philology [Hindu, Chinese] and linguistics19 as well as developing my research since the age of 17 [1961].

19. La rencontre de Pierre et de Michel fut pour moi une rencontre fulgurante et magnifique. J’étais sur le ressac de mon « premier milieu de vie ». J’ai travaillé 12 heures sur 24 sur les matériaux gourmantchè de Cartry pendant trois ans [1974-1976] et j’ai poursuivi ce travail pendant trente ans en reprenant dès 1975 l’enseignement que donnait Michel Cartry à l’université Paris 7-Jussieu (future Denis Diderot) en 1974 sur « Systèmes divinatoires. Exemples africains ».

19. My encounter with Pierre and Michel remains a noteworthy and awe-inspiring event. I was surfing on my « first arithmétique middle life » 20 . I worked 12 hours out of 24 for three years on Cartry’s Gourmantché material [1974-1976]. I pursued this work for 30 years by taking up, as of 1975, the teaching that Michel Cartry had given at l’université Paris 7-Denis Diderot in 1974 on « Divination systems. African examples ».

L’anthropologie transformationnelle

20. La seconde  méthodologie que j’ai développée – après ma première mission au Mali et que Pierre n’a pas pu connaître, je l’appelle « anthropologie transformationnelle ».   C’est l’application à l’ethnologie de terrain de l’épistémologie non classique que je développais sous le nom  de topologie linguistique. C’est la théorie de la pratique de terrain, d’un ethnologue de terrain. Elle demande à l’observateur galiléen des sciences qui change de société  de S1 à S2, de changer d’ETRE SOCIAL de A1 à A2 dans un texte scientifique. Si on ne veut pas changer concrètement d’ETRE SOCIAL -devenir Bambara chez les Bambara et Guayaki chez les Guayaki- la transformation doit être reconstruire dans un texte capable de signaler ce qu’il faut faire pour changer de grammaire générative de l’ETRE SOCIAL. Les changements de grammaire de l’humain se font dans le formalisme de la topologie linguistique. L’anthropologie transformationnelle est parfaitement adaptée au matériel géomantique puisqu’il existe une géomancie latine pratiquée depuis le XIIe. siècle en Europe, des géomancies chinoises, des géomancies arabes, des géomancies malgaches et des géomancies africaines. Il était donc possible de passer d’une géomancie [S1] à une autre [S2] en démarrant sur la géomancie qui correspondait au mieux à la société de l’observateur. C’est-à-dire, pour moi, la géomancie latine. Il y a une réflexion épistémologique et mathématique sur la géomancie de Leibniz (1646-1716) à Robert Jaulin (1928-1996).  Lorsque j’ai décrit à Pierre Clastres le projet que je comptais développer en géomancie, il l’a évidemment entendu dans ses termes -que je ne connaissais pas- comme un essai de passage d’une géomancie à Etat (S1) à une géomancie sans Etat (S2).

Transformative anthropology

20. The second methodology that I developed – after my first mission to Mali and which was unknown to Pierre, was entitled « transformative anthropology ». I was developing a non-classical approach to epistemology through field ethnology which I named linguistic topology. It is the theory of field practice, from a field ethnologist’s point of view. It requires that the Galilean scientific observer that changes society from S1 to S2, may in turn transform the SOCIAL BEING from A1 to A2 in a scientific text.21. If one does not want to categorically change the SOCIAL BEING – to become Bambara with the Bambara and Guayaki with the Guayaki- the transformation must be reconstructed in a text which indicates what is required to change the SOCIAL BEING’s generative grammar 22. The grammatical changes of a human being are created within the formalism of linguistic topology. Transformative anthropology is finely adapted to geomantic material since Latin geomancy has been practiced since the 12th century in Europe as well as Chinese, Arabic, Malagasy and African geomancies. It was therefore possible to go from an [S1] geomancy to another [S2] by basing oneself on the geomancy which was better fitted to the society of the observer. In my case, it was Latin geomancy. This brings to mind an epistemological and mathematical reflection pertaining to Leibniz (1646-1716) and Robert Jaulin’s geomancies (1928-1996). When I described the project that I was hoping to develop in geomancy to Pierre Clastres, he obviously understood it in his terms-that were unknown to me- as a passage from a state geomancy (S1) to a geomancy without State (S2).

21. « Dans le cas de l’initiation bambara/minyanka à la divination par le sable [géomancie], l’observateur va être conduit, d’un laboratoire parisien S1 à un village malien S2, à abandonner les présupposés anthropologiques et sociaux liés au « support européen de l’écrit » (associé à la grammaire générative G1 de l’Etre social A1 de S1), afin de changer de source de légitimité et de base langagière d’ordre socio-psychologique, par le moyen d’un « rituel sacrificiel » (associé à la grammaire générative G2 de l’Etre social A2 de S2). Le cheminement de l’observateur, dans cette situation de « changement d’état » psychologique et social, va se faire à l’intérieur d’un espace langagier d’interaction et de communication [∑] aux caractéristiques topologiques proches de celles d’une « catastrophe d’excision » de type ombilic parabolique ». Toute la procédure divinatoire va en fait essayer d’éviter le risque mortifère, pour un espace-sémiologique humain, d’une torsion möbienne du canal de la communication  qui, en ajustant le site initial [j] de l’énonciation  d’une communication du signifiant S1 sur le site terminal du réceptionnaire [j’] du signifié S2 va détruire l’espace sémiologique qu’incorpore le corps humain, pour se mettre en adéquation avec le montage géopolitique de son Être social.

21. « In the case of the Bambara/Minyanka initiation to sand divination [geomancy], the observer, transported from a Parisian laboratory S1 to a Malian village S2, will be called upon to abandon his anthropological and social assumptions related to the « European writing support » (associated with the G1 generative grammar of the social being A1 to S1), in order to modify his legitimizing and sociopsychological language base through a « sacrificial ritual» (associated with  the G2 generative grammar of the social being A2 to S2). The observer’s course, amidst this situation of psychological and social « state change », will operate within a language space of interaction and communication [Σ] whose topological characteristics are similar to those of the « catastrophe d’excision/excision catastrophe » in an umbilicus parabolic approach » 23. The whole divination procedure will strive to avoid the fatal risk, for a human semiological space, to undergo a « möbienne » twist of the communication canal which, by adjusting the initial site [j] of the enunciation of communication of the S1 signifier onto the terminal site of the receiver [j’] of the S2 signifier, will destroy the semiological space incorporating the human body, to place itself in adequacy with the geopolitical aggregation of its social being.

DOCUMENT

22. L’énonciation  « Pilon sur un  mortier » des villageois bambara du Mali

23. Les actes d’énonciation des villageois Bambara du Mali ne suivent pas le même canal de communication linguistique que celui que suivent les Parisiens. Les Parisiens suivent le « circuit saussurien de la parole »  un cheminement énonciatif qui va de HAUT [j] en BAS [i] puis de BAS [i’] en HAUT [j’] fait pour deux personnes A et B, face à face et qui se regardent en parlant. Les Bambara suivent une énonciation « mortier ». Son cheminement énonciatif va de BAS [i’] en HAUT [j’] puis de HAUT [j’’] en BAS [i’’] pour deux personnes qui ne se regardent pas en parlant et qui sont souvent côte à côte. L’anthropologie transformationnelle va en tenir compte. Le même tableau divinatoire de la géomancie à 16 figures que l’on trouve aussi bien au Mali qu’en Europe, en étant captif d’un autre espace-temps-sémiologique de langage (dépendant d’une autre histoire géopolitique), va  être perçu différemment  en S1 [ Paris] et en S2 [ Mali]. L’arrêt de la parole se trouve au Mali sur le défaut syntaxique i’’/i’’’/i’. C’est ce point que contrôle le chef africain. Le chef bambara remet à zéro la grammaire de la linguistique qui fait « parole » dans la grammatique d’une sémiologie qui fait « silence ». A la différence du chef parisien et à la différence du chef  Guayaki décrit par Clastres, un chef africain ne parle pas. Il arrête la parole. Le chef africain bloque les transformations SON/SENS qui se font sur un défaut de générativité du signifié par le signifiant en j’/j’’.   

DOCUMENT

22.  The enunciation « Pestle on a mortar » of Bambara villagers of Mali

23. The enunciation acts of Mali’s Bambara villagers do not follow the same course of linguistic communication as do the Parisians. Parisians follow « Saussure’s speech circuit model24 an enunciation path which moves UPWARDS [j] then DOWNWARDS [i] and then again from DOWNWARDS [i’] to go back UPWARDS [j’] made for two people A and B, who are facing each other while they speak. The Bambara rather follow a « mortar » enunciation. Its enuciation path moves from DOWNWARDS [i’] to UPWARDS [j’] and then from UPWARDS [j’’] to go DOWNWARDS [i’’] made for two people who are not looking at each other while they speak, as they sit side to side. This will be taken into account in transformative anthropology. The geomantic chart, both in Mali and Europe, has 16 figures for it is captive of another language semiotic of space and time (issued from a different geopolitical history), will be perceived differently in S1 [Paris] and in S2 [Mali]. Speech interruption in Mali is situated along the syntactic default case i’’/i’’’/i’. This is the aspect which is controlled by the African chieftain. The Bambara chieftain will bring back linguistic grammar to square one : linguistic grammar which equals « speech » in a semiological grammatique which equals silence. Contrary to the Parisian or Guayaki chieftain described by Clastres, an African chieftain does not talk. He inhibits speech. The African chieftain blocks the SOUND/SENSE transformations that are undergone along a generative default case of the signified by the signifier in j’/j’’. 25

24. Les espace-temps-sémiologiques dans lesquels se nichent les corps humains sont différents selon les histoires sociales et les histoires politiques. Les pressions et les dé-pressions géopolitiques modifient la syntaxe de ces espaces. Les thèses de Pierre Clastres  désignent les effets d’un REEL sémiologique méconnu dans ses propriétés topologiques, sitologiques, anthropologiques et sociologiques historiques. On peut donc donner une interprétation précise des thèses  politiques de Pierre Clastres et montrer que ces relectures ne sont pas contradictoires avec le matériel Guayaki .

24. The semiotics of space and time which embrace human bodies vary according to social and political histories 26. Geopolitical pressure and shifts modify the syntax of these spaces. Pierre Clastres’ treatises designate the effects of a semiological REAL whose topological, sitological, anthropological and historical sociological properties are little known. We can therefore provide a precise interpretation of Pierre Clastres’ political treatises and demonstrate that his rereadings are not contradictory with the Guayaki material.

Relecture des deux grandes thèses politiques de Pierre Clastres

25.  Il y a désormais dans l’histoire de la philosophie politique un avant et un après Pierre Clastres [1974] marqué par une coupure « épistémologique » qui se fonde sur la désignation d’un REEL acquise par Pierre Clastres grâce à sa pratique d’ethnologue. Les philosophes ont beaucoup apprécié le travail de Pierre Clastres. Cette coupure épistémologique, la désignation de son REEL, l’avancée scientifique qu’ils permettaient, les ethnologues classiques n’y ont rien vu. D’où vient le quiproquo ? Pierre Clastres utilise de façon implicite une épistémologie « non classique » et une anthropologie « non classique » qui n’est pas en usage chez les ethnologues classiques. Cette explicitation épistémologique, Pierre  Clastres a certainement pu la faire avant mon départ au Mali 1976/1977. Nous lui avions fait lire le texte qu’il nous avait demandé  d’écrire, Michel Cartry et moi même en 1975 :  « D’un emploi possible du concept de topique en ethnologie »( op.cit).

Rereadings of two of Pierre Clastres’ major political treatises

25. Henceforth, the history of political philosophy can be divided into a pre and a post Pierre Clastres period [1974] marked by an « epistemological » breach founded on the designation of an REAL acquired by Pierre Clastres as part of his ethnological practice. Philosophers were appreciative of his work. This epistemological breach, the designation of REAL, the scientific breakthrough that they permitted, went unnoticed by classical ethnologists27. Why this Quid pro quo ? Pierre Clastres implicitely uses a « non-classical » epistemology and anthropology which is not in use among classical ethnologists. This epistemological explanation could certainly have been given by Pierre Clastres prior to my departure for Mali in 1976/1977. We had him read the text that he had asked us to write, Michel Cartry and I in 1975 : « Of the possible use of a topical concept in ethnology » (op.cit).

26. Le quiproquo entre Pierre Clastres et les ethnologues classiques, que ceux-ci soient des adversaires, des concurrents ou des amis de Pierre Clastres (dont Michel Cartry et Alfred Adler) est dû au fait que les ethnologues classiques ne peuvent pas décrire des objets canoniques, sur un terrain empirique, comme « Société », « Etat », « Société sans Etat », « Société à Etat », « Société contre l’Etat ». Ils ne peuvent utiliser sur leur terrain empirique d’étude un énoncé normatif comme « Une société sans Etat est contre l’Etat ». En occupant le méga-site d’un sujet canonique supposé sans corps du projet classique des sciences (sans FREUD = « sans inconscient » et sans MARX = « sans appartenance sociale »), les ethnologues classiques ne peuvent pas penser l’espace de langage qu’ils occupent et éclipsent et qui n’est autre que ce que désigne Pierre Clastres en parlant de «société à Etat » [S1]. Ils cherchent à décrire le rapport S1/S2 sans pouvoir tenir compte de leur propre ETAT.

26. The Quid pro quo between Pierre Clastres and the classical ethnologists, whether these be opponents, rivals or friends of Pierre Clastres (such as Michel Cartry and Alfred Adler) is due to the fact that classical ethnologists cannot describe canonical objects, on an empirical base, in terms of « Society », « State », « Society without State », « Society to State », « Society opposed to State ». Their empirical study base cannot permit a normative enunciation such as «  A society without State is opposed to  State ». By occupying the mega-site of a canonical subject supposedly devoid of a formless classical science project (without FREUD = « no unconscious » and without MARX = « no social affiliation », classical ethnologists cannot reflect upon the language space that they occupy and conceal and which is nothing less than what Pierre Clastres referred to as « society to State » [S1]. They strive to describe the relationship between S1/S2 without taking into account their own STATE.28

27. Ne disposant que d’un domaine d’étude [X], les ethnologues classiques n’ont pas les moyens scientifiques de faire fonctionner une épistémologie de l’interaction entre deux domaines d’étude : leur domaine d’étude [X] et le contre-domaine d’étude [Y] où se loge le LOGOS qui étudie leur domaine d’étude [X]. Les ethnologues classiques n’ont pas, ainsi, les moyens d’accéder à une transformation de l’ETRE SOCIAL de l’observateur.  Pour cela, il leur faudrait deux domaines d’Etude. Ils ne peuvent donc accéder au REEL de l’anthropologie puisque ce REEL se développe dans la double flexion X/Y ou Y/X qui se produit entre deux domaines d’étude. Le domaine S1 et le domaine S2. L’ETRE SOCIAL de l’observateur classique est donc l’invariant non analysable de toutes les descriptions. Enfin, les ethnologues classiques n’ont pas non plus les moyens «révolutionnaires» (au sens de Freud ou de Marx) de communiquer un REEL du domaine de l’ethnologie (X) au domaine de la sociologie et de l’histoire (Y). Or c’est bien dans ce jeu d’interaction entre deux domaines -que la pensée classique laisse séparés : de S1 vers S2 puis de S2 vers S1- que se situe l’apport révolutionnaire des deux grandes thèses politiques de Pierre Clastres (que je noterai T et TT).

27. Disposing of only a single field of study [X], classical ethnologists do not possess the scientific means to operate an epistemology of interaction between two fields of study : their field of study [X] and a counter field of study [Y] comprised of the LOGOS which examines their field of study [X]. Classical ethnologists cannot, therefore, access the transformation of the observer’s SOCIAL BEING. In order to do this, they would require two fields of study. Thus, they cannot access anthropological REAL since this REAL develops itself in the double inflection X/Y or Y/X which occurs between two fields of study. The S1 and S2 fields. The classical observer’s SOCIAL BEING is therefore the unanalysable invariant of all these descriptions. Finally, classical ethnologists also do not have « revolutionary » ways (in the sense of Freud and Marx) to communicate the REAL of an ethnological field (X) to the fields of sociology and history (Y). Only, it is within the interplay of these two fields – that classical thought divides : from S1 to S2 and then from S2 to S1 – that one can posit the revolutionary contribution of two of Pierre Clastres’ major political treatises (that I will indicate by T and TT).

28. Dans  le modèle théorique qu’utilise  Clastres, il n’y a  que DEUX sociétés 

 S1 et S2 et qu’UN seul Etat en S1. 

28. There are only TWO societies, in Pierre Clastres’ theoretical model :

S1 and S2 and only ONE State in S1.

29. Par définition, nous dirons que la société qui détient la grammaire de l’ETRE SOCIAL de l’observateur galiléen des sciences (dont l’ethnologue est un des représentants) est la «société à Etat » [S1]. La société qui ne dispose pas de la grammaire générative qui a produit l’Etre social de l’observateur du projet galiléen des sciences est la «société sans Etat» [S2]. «Sans Etat» signifie «ne pas  avoir dans son espace sémiologique le regard omnipotent d’un Dieu laïcisé se sur-imprimant sur le savant absolu des sciences physiques et des sciences sociales».

29. By definition, we will postulate that the society which holds the grammar of the Galilean scientific observer’s SOCIAL BEING (of which the ethnologist is a representative) is the « society to State » [S1]. The society which does not dispose of the generative grammar which produced the Galilean scientific project observer’s SOCIAL BEING is «society without State» [S2]. «Without State» means « that within one’s semiological space, one does not hold the gaze of an omnipotent securlarized God which imprints itself on the absolute knowledge of physical and social sciences».

Le Janus du projet classique des sciences 

30. Les ethnologues classiques fonctionnent avec les yeux de Galilée -deux yeux sur le front et deux yeux dans la tête- pour décrire et comprendre le vaste livre du monde. Ils ne disposent que d’un domaine d’étude et leur objectif scientifique est d’ajuster les descriptions acquises, à l’aide de mesures avec les yeux sur le front, sur les descriptions acquises à l’aide de calcul avec les yeux dans la tête. L’objectif classique du travail de science est de transformer une surface externe mal syntaxisée de descriptions empiriques premières, en une surface interne bien syntaxisée de descriptions rationnelles secondes générées à l’aide de règles de générativités formelles n’ayant besoin, pour que se produise le miracle de la science, que d’un nombre fini d’opérations. Ce modèle présuppose la stabilité du domaine d’étude [les Guayaki ne changent pas pendant l’opération], la transparence du LOGOS scientifique capable de produire à distance la duplication des descriptions [|’ETRE SOCIAL des Gyayaki n’est pas modifié lorsqu’on modifie la puissance de la syntaxe et qu’on passe à un espace de signes détruits dans leurs dimensions de signes arbitraires par l’opération textuelle du travail de science]. Enfin, en faisant appel à un sujet canonique supposé sans corps, capable d’énoncer le LOGOS transparent plaçant les points i/i’ mal syntaxisés (visés par les yeux sur le front) sur les points i/ [sans i’] bien syntaxisés (visés par les yeux dans la tête), le sujet canonique des sciences ne peut réceptionner aucune fonction sémantique issue de son domaine d’étude. Nous avons un aveugle [les yeux sur le front ayant été crevés par les yeux dans la tête] totalement sourd aux messages du monde, sans oreilles.  Pour accéder aux messages des objets de langage, il est donc nécessaire de faire appel à une épistémologie non classique que j’appelle épistémologie « d’exigence linguistique » ou « épistémologie seconde ».

The Janus of the classical science project 29

30. Classical ethnologists see through the eyes of Galileo –  two eyes on the forehead and two within their heads – to describe and understand the world in its immensity. They only dispose of a single field of study and their scientific goal is to adjust the descriptions, acquired through the use of measures with their eyes on the forehead, onto the descriptions, acquired by calculating with the eyes they have within their head. The classical aim of scientific work is to transform an external surface comprised of faulty syntax due to its initial empirical descriptions into an internal surface which bears an adequate syntax of secondary rational descriptions generated through the rules of formal generativities requiring a finite number of operations in order for the miracle of science to happen. This model presupposes the stability of the field of study [the Guayaki do not change during the operation], the transparency of the scientific LOGOS which can duplicate at a distance the descriptions [the Gyayaki’s SOCIAL BEING is not modified when one modifies the strength of the syntax moving towards a space where the signs have been obliterated in their arbitrary dimensions by the textual operation of science.]. Finally, by using a canonical subject which is supposedly formless, and that has the ability to enunciate the transparent LOGOS by placing the i/i’ which have default syntax (referring to the eyes on the forehead) on the  i/ [without i’] which have adequate syntax (referring to the eyes within the head), the canonical subject of science cannot receive any semanical function issued of its field of study. We are blind [our eyes on the forehead having been pierced by those within the head] as well as totally deaf to the messages surrounding us, dispossessed of our ears. To access the messages emerging from the objects of language, it is therefore necessary to call upon a non classical epistemology that I would label epistemology of the « linguistic requirement » or « secondary epistemology ».

31. Avant mon départ en Afrique, [1976/1977], j’avais compris que les objets de langage (posant j ≠j’) étaient masqués ou détruits par les propriétés de langage du projet classique des sciences (posant j=j’): le lieu d’une énonciation déictique [j], n’impliquant pas de réceptionnaire, se superposant au lieu d’une énonciation anaphorique [j’] impliquant un réceptionnaire. J’en avais fait part à Pierre Clastres. Lorsqu’on remplace « objet de langage » par « corps humain » ou par « grammaire de l’ETRE SOCIAL », on trouve la même chose. Un espace convergent de capture du corps humain S2 ne peut que mourir sémiologiquement si de l’autre côté de la capture se trouve un autre espace convergent S1. La seule solution est donc de rendre impossible la production d’un Etat S1 qui transformerait la divergence à la source des flèches qui visent S2 en un espace de convergence. L’impossibilité n’est pas sociologique, elle est sémiologique.

31. Prior to leaving for Africa, [1976/1977], I had understood that the objects of language (j j’) were masked or destroyed by the language properties of the classical science project (j=j’): the space of a deictical enunciation [j], does not imply a receiver, superposing itself onto the space of an anaphorical enunciation [j’] which implies a receiver. I shared this with Pierre Clastres. When one replaces « object of language » by « human body » or by « grammar of the SOCIAL BEING », one finds the same thing. A space which converges with the capture of a human body S2 cannot help but die semiologically if on the other side of the capture hides another converging space S1. The only solution is to prevent the production of a S1 State which would transform the variance which exists at the base of the arrows aiming towards S2 as a converging space. The impossibility is not sociological in nature, it is semiological.

[ La belle découverte que nous aide à penser Pierre Clastres  LINK Word.Document.8 « Macintosh HD:Users:christianbertaux:Desktop:CLASTRE BILINGUE :BILINGUE  Clastres Bertaux 11 janvier 2011  FIN.doc » « OLE_LINK3 » \a \r ]

32. La première grande thèse politique de Pierre Clastres peut être réécrite anthropologiquement.  Elle désigne la destruction de la grammaire de l’ETRE SOCIAL des groupes sociaux des sociétés sans Etat, lorsque les propriétés de langage de cette grammaire  de l’ETRE SOCIAL interfèrent avec le langage de l’ETAT. Pierre Clastres [nous aide à mieux penser l’existence] d’un lien non évident entre deux phénoménologies langagières apparemment séparées : 1) le langage du sujet supposé sans corps, capable d’imposer les choix politiques que présuppose un ETAT où un méga-sujet supposé sans corps propose, de façon au besoin coercitive, à d’autres sujets, supposés sans corps, de suivre le cheminement de l’UN propre à l’espace TABLEAU d’un arbre de choix; 2) Les propriétés sémiologiques incorporées dans le corps humain en tant que corps de langage capable  de s’élaborer  en tant qu’ ETRE SOCIAL.

[A beautiful discovery ]

32. Pierre Clastres’ first major political treatise can be rewritten anthropologically. It designates the destruction of the state-less societies’ social groups’ SOCIAL BEING when the language properties of this grammar of the SOCIAL BEING interfere with the language of STATE. Pierre Clastres [permits to think] the existence of an inconspicuous link between two apparently separated language phenomenologies : 1) the language of the subject, who is supposedly formless, able to impose political choices implied by a STATE or a mega-subject which is supposedly formless, proposes in a coercive way to other subjects who are supposedly formless to follow the way of ONE OF THESE pertaining to the CHART space of a chosen tree ; 2) The semiological properties incorporated within the human body as body of language which has the ability to elaborate itself as a SOCIAL BEING.

Réécriture épistémologique et anthropologique de la première thèse 

de Pierre Clastres :

33.  Lorsqu’on désigne  dans l’énoncé T « Les sociétés sans Etat sont des sociétés contre l’Etat » le marqueur épistémologique d’un REEL, on obtient :

T 1  =  : « Les sociétés sans Etat [S2] sont des sociétés  qui développent les effets d’un REEL sociologique –fondamentalement non conscient –  « Contre l’Etat »  [S1]  « rendant l’avènement d’un ETAT impossible »  car la grammaire de l’ETRE SOCIAL de ces sociétés (qui ne dispose pas d’une longue Histoire rapportée ) en interférant  avec l’arbre de choix d’une société à Etat, se détruit . » 

Epistemological and anthropological reworkings
of Pierre Clastres’ first treatise:

33. When we designate the epistemological marker of REAL in the T enunciation
« Societies without State are societies opposed to State » we obtain :

T 1 = : « Societies without State [S2] are societies that develop the effects of a sociological REAL – which is fundamentally unconscious 30– « Opposed to State » [S1] « which render the creation of STATE impossible » for the grammar of the SOCIAL BEINGS of these societies (which do not dispose of a venerable reported history) by interfering with the chosen tree of a society of State, is destroyed. » 31

34. Réécriture du second  énoncé politique de Pierre Clastres  (TT):

La révolution copernicienne de  Pierre Clastres, sans le marqueur épistémologique, nous avons TT  :

TT = « Les sociétés à Etat doivent être pensées à partir des sociétés contre l’Etat »

34. Reworkings of Pierre Clastres’ second political enunciation (TT) :

Pierre Clastres’ copernican revolution, if deprived of an epistemological marker, results in TT :

TT = « Societies of State must be considered from the point of view of the societies opposed to State».

35. Avant Pierre Clastres, les sociologues classiques ne disposaient pas d’un REEL sociologique qui leur permettrait d’échapper à leurs imaginaires historiques évolutionnistes [universalistes, naturalistes] et d’accéder aux propriétés de leurs domaines d’objets [SOCIUS HISTORIQUE]. Leurs idéologies les conduisaient à penser que les « sociétés sans Etat » étaient des   sociétés  « naturellement » en « manque d’Etat » et que, dès lors, il suffirait d’aider les groupes sociaux de ces sociétés à former des Etats pour que se développent et s’épanouissent leurs êtres sociaux.

35. Before Pierre Clastres, classical sociologists did not dispose of a sociological REAL that would permit them to escape to their historic evolutionistic [universalism, naturalism] imaginary realm and access the properties of their fields’ objects [SOCIUS HISTORICUS]. Their ideologies would lead them to think that « societies without State » were societies which were « naturally » « deprived of state » and that, from that moment on, it would suffice to help social groups pertaining to these societies to form states in order to develop and prosper as social beings.

36. Après Pierre Clastres, les sociologues non classiques peuvent désormais disposer du REEL sociologique recherché conformément à l’imaginaire épistémologique des sciences galiléennes et mis en évidence dans les sociétés sans Etat par les ethnologues qui suivent Pierre Clastres. Ils savent désormais qu’il se déploie dans toute société un REEL SOCIOLOGIQUE de nature sémiologique et anthropologique non conscient qui fait que le meilleur moyen de détruire les groupes sociaux des sociétés sans Etat , est de  les aider à former -dans l’horizon  discursif  consensuel et sémiologique bien unifié d’un espace géopolitique partagé –  en toute innocence et en toute ignorance scientifique – des Etats centralisés.

36. After Pierre Clastres, non classical sociologists could henceforth dispose of the sought-after sociological REAL conform to the epistemological imaginary of the Galilean sciences displayed in the societies without state by the ethnologists that tread on the heels of Pierre Clastres. They now know that every society exhibits a SOCIOLOGICAL REAL of an unconscious semiological and anthropological nature which means that the best way to eradicate social groups pertaining to societies without state is to help them form – in the consensual and semiological discursive horizon unified through a shared geopolitical space – innocently and scientifically incognizant– centralized states.

37.  De l’ethnologie des sociétés sans Histoire écrite, l’acte de science peut, dès lors,  repasser à la sociologie des sociétés à Histoire. De Mauss (1872-1950), on repasse à Durkheim (1858-1917) et à une science de l’Histoire permettant de comprendre les lois qui bloquent l’émergence de l’Histoire dans les sociétés sans Etat et les lois qui conduisent à l’évolution des sociétés historiques  et à l’effondrement des Etats à la fin de leurs Histoires.

37. From the ethnology of societies without a written History, the act of science can, therefore, return to the sociology of societies with a History. From Mauss (1872-1950), we return to Durkheim (1858-1917) and a science of History which permits us to understand the laws which hinder the emergence of History in societies without State and the laws which lead to the evolution of historical societies and the demise of States at the end of their History.

38. Avec le marqueur épistémologique, nous avons :

TT1 = « Les sociétés à Etat [S1] doivent être pensées à partir du REEL sociologique « Contre l’Etat » qui a été mis en évidence dans les sociétés sans Etat [S2]».

38. With the epistemological marker we have :

TT1 = « Societies of State [S1] have to be considered from the point of view of the sociological EXISTENCE « opposed to State » which was displayed in societies without State [S2]». 32

39. Effectivement, les personnels – réels ou fictifs-  des sociétés à Etat S1, en réalisant,  consciemment ou non,  une division sociologique  « transférentielle » entre ceux qui obéissent et ceux qui commandent  – viennent occuper et éclipser – les espaces-sémiologiques-divergents [notés S22] où se logent les bases de générativité des NAÎTRES SOCIAUX.  Ils viennent alors bloquer  mortellement – « immédiatement » au début de l’ Histoire de l’Etat des sociétés sans Etat S2  et  « finalement » à la fin de l’ Histoire de l’Etat des sociétés à Etat S1- les exigences de réécriture des  grammaires de l’ETRE SOCIAL  que les  individus et les groupes sociaux doivent réaliser pour échapper aux conséquences sémiologiques mortifères que développent les drames de leurs histoires sociales et de leurs histoires de vie.

39. Indeed, the collective members – either real or fictional- of societies of state S1, by creating, consciously or not, a sociological division of transference between those that obey and those that dictacte – occupy and overshadow – the divergent semiological spaces [marked S22] which embody the generative bases of the SOCIAL BIRTHS. This then results in mortally blocking –  « immediately » at the beginning of the societies without state « state History » S2 and « finally » at the end of the societies of state « state History » S1 – the requirements involved in transforming the grammar of the SOCIAL BEING that the individual and social groups must achieve in order to escape the fatal semiological consequences developped as a result of their dramatic social and personal histories.

40. Les deux thèses politiques T/T1 et TT/TT1 de Pierre Clastres désignent une « coupure épistémologique » indice d’un REEL capable de produire un partage entre idéologie et science. Cette coupure (qui se produit dans l’ordre du discours) n’a pas échappé aux philosophes.

40. Pierre Clastres’ two political treatises T/T1 and TT/TT1 indicate an «epistemological breach » which denotes an REAL fit to produce a partition between ideology and science. This breach (which is produced in the sequence of a discourse) has not gone unnoticed by the philosophers.

41. Problème I :  Si les philosophes –ces horlogers de la pensée et ces ingénieurs du concept– sont capables de saluer l’importance de cette coupure dans le discours et l’histoire de la philosophie politique, ils n’ont pas les moyens scientifiques de valider l’existence (ou la non existence) du REEL qu’elle présuppose. Ils sont obligés de faire confiance à la pratique ethnologique de Pierre Clastres et d’écouter les critiques que les ethnologues -ses confrères avertis- ont de sa pratique.

41. 1st problem : If the philosophers – these masterminds and concept instrumentalists– are able to commend the importance of this breach in discourse and the history of political philosophy, they do not have the scientific means to validate the existence (or non existence) of the REAL which it refers to. They have no recourse but to trust Pierre Clastres’ ethnological practice and lend an ear to the critics that the ethnologists – his informed colleagues – pose on his practice.

42. Problème II :  les ethnologues classiques –ces pourvoyeurs de merveilles empiriques capables de casser tout découpage conceptuel préétabli– n’utilisent pas la même épistémologie que Pierre Clastres. Ils ne peuvent apprécier ses apports épistémologiques. Ils ne peuvent concevoir l’anthropologie « non classique » qu’il utilise. Leur domaine focal empirique d’étude [X] ne peut interférer sur le contre-domaine non focal [Y] dans lequel se situe le LOGOS qu’ils utilisent pour décrire et réécrire leur domaine d’étude [X]. Lorsqu’il se produit des interférences entre [X] et [Y], ces interférences sont inavouables (logées dans la partie littéraire du texte scientifique, rejetées dans le privé du divan de la psychanalyse, etc).

42. 2nd problem : classical ethnologists – these purveyors of empirical marvels who can shatter any preset conceptual breakdown- do not use the same epistemology as Pierre Clastres. They cannot value its epistemological contributions. They cannot visualize the « non classical » anthropology that he uses. Their focal field of study [X] cannot interfere with the non-focal counter-field [Y] which embodies the LOGOS that they use to describe and rewrite their field of study [X]. When interferences occur between [X] et [Y], these are inadmissible (included in the litterary part of a scientific text, rejected in private on the psychoanalyst’s couch, etc.)

 Les pratiques du  CONTR’UN

43. Après mon retour d’Afrique, je pus mieux comprendre le fait que le corps humain -en tant que corps sémiologiquement codé- était un « objet de langage ». Les pratiques divinatoires obligent l’ethnologue à modifier ses façons de faire, d’énoncer, de se posturer, etc. C’est cette pratique « forte » de terrain qui m’a conduit à créer « l’anthropologie transformationnelle » . Ce n’est que bien plus tard, après la découverte de lois formelles, très simples, bien qu’inimaginables -qui règlent l’exécution des trois souverains européens Charles 1er d’Angleterre, Louis XVI de France et Nicolas II de Russie- que je compris que l’anthropologie transformationnelle n’était rien d’autre que l’anthropologie  « non classique » que présupposaient les énoncés politiques de Pierre Clastres.

 The practices of the « CONTR’UN/AGAINST ONE »

43. When I returned from Africa, I was in a better position to understand the fact that the human body – as a semiologically coded body – was an « object of language ». The divination practices compel the ethnologist to modify his ways of being, of enunciating, of posture, etc. This practice « informed » by the field has led me to create the concept of « transformative anthropology » 33. It was only much later, after the discovery of formal laws, simple yet unimaginable – that rule the execution of three sovereigns : Charles the First of England, Louis XVI of France and Nicolas II of Russia- that it dawned on me that transformative anthropology was nothing more than a « non classical » anthropology which postulated Pierre Clastres’ political enunciations.

44. C’est également cette anthropologie qui permet de concevoir les techniques de restauration des grammaires de l’ETRE SOCIAL. Les devins cherchent -dans un langage non scientifique-  à raccommoder, à l’aide de « sur-textes », les sémiologies qu’incorporent leurs clients. Ils cherchent à les aider (dans la fiction de la divination) à se réapproprier ces sur-textes, à les  occuper et à les éclipser sur d’autres bases et à les « dé-sémiologiser » de nouveau, grâce aux prescriptions sacrificielles. Or pour que les restaurations des grammaires des ETRES SOCIAUX puissent avoir lieu, il est nécessaire de libérer  -de vider- les espaces sémiologiques sur  lesquels se trouvent (dans la réalité ou dans la fiction) les bases de générativité des grammatiques. Or ce sont dans ces mêmes espaces que viennent se loger les corps  (réels ou fictifs) des  chefs d’Etats. Pour libérer les bases de générativité des ETRES SOCIAUX (bases que nous appelons des NAITRES SOCIAUX) il est nécessaire, dès lors, de chasser l’occupation et l’éclipse que produisent, dans les espace des NAITRES   SOCIAUX, les grandes vedettes du pouvoir, afin que le lieu de départ de la structure (ji) ne se confonde pas avec son point d’arrivée ( i’j’) et que le tissu sémiologique de l’humain ne se détruise.

44. This same anthropology also allows for the conception of restoration techniques of the SOCIAL BEING’s grammar. The soothsayers aim – in a non-scientific language- to mend, through the use of « surtexts » the semiologies that their clients have assimilated. They try to aid them (by divination fiction) in reclaiming these surtexts, to occupy them and obliterate them on other bases as well as « desemiologizing » them once more due to sacrificial prescriptions34. In order for the restoration of the SOCIAL BEING’s grammar to occur, it is necessary to liberate –to empty- the semiological spaces on which is situated (either in reality or fiction) the « grammatiques’ » generative bases. Now, it is within these same spaces that the (real or fictional) bodies of Heads of state reside. In order to liberate the generative bases of SOCIAL BEINGS (bases that we will refer to as SOCIAL BIRTHS) it is necessary, from that moment on, to dispel the occupation and obliteration which are produced, in the spaces of the SOCIAL BIRTHS, by the virtuosos of power, in order to avoid for the starting point of the (ji) structure to be confounded with its arrival point ( i’j’) and to avoid destruction of the human being’s semiological tissue.

45. Si dans les grandes religions du texte, Dieu « descend un livre » (où j≠j’) c’est afin que les hommes n’aient pas l’imprudence d’aller à sa rencontre (où j=j’) et qu’ils puissent faire « retour à Dieu » (au voisinage de O[i/i’] t) avant de faire un retour à dieu (au voisinage de O[ j/j’]tt) qui risquerait de les « griller ».

45. If in the world’s great religions, God «  brings forth a book » (or jj’) it is to prevent men from being foolhardy and try to meet with him (or j=j’) and that they may « return to God » (in the vicinity of O [i/i’] t) before returning to God (in the vicinity of O [j/j’] tt) which risks « consuming » them 35.

46.  Le but d’une  géomancie africaine est de retravailler la base de générativité de la grammaire d’un ETRE SOCIAL logée sur le site de générativité fantasmé -placé à l’EST- où se trouve son NAITRE SOCIAL en [j] sans que les sur-textes sacrificiels réparateurs ne viennent détruire, en [j=j’], les grammaires collectives -historiques- de l’ETRE SOCIAL. C’est ce que les géomanciens font en passant des quatre figures MERES aux quatre figures FILLES de telle manière que le lieu de la naissance [j] ne soit pas logé au même endroit qu’au lieu de la mort [j’]. C’est  également ce que les façons de NAITRE Gyayaki font en séparant le lieu [j’∏] -vers où est rehaussé l’enfant descendu du lieu [j]-  du  lieu j’ où apparaîtra  le maître de la mort, le Jaguar, que le père de l’enfant aura le pouvoir sémiologique (i/i’-j’) de tuer s’il évite de loger son regard en i/ i’∏->j’∏.

46. The purpose of African geomancy is to rework the generative base of the SOCIAL BEING’s grammar which embodies the site of a fantasized generativity –  situated to the east – which contains the SOCIAL BIRTH in [j] without allowing the restorative sacrificial surtexts to eradicate in [j=j’], the collective, historical grammars of the SOCIAL BEING 36. This is what the geomancers do by moving from the four MOTHER figures to the four FILIAE figures in such a way that the place of birth [j] is not embodied in the same place as the one of death [j’]. It is also what the ways of Gyayaki BIRTH do by separating the place [j’] –towards where the child is enhanced, having come down from the place [j]- from the place where the master of death will appear, the Jaguar, that the child’s father will be endowed with the semiological power (i/i’-j’) to slay if he avoids to gaze in i/ i’ ->j’ .

47.  Nous  pouvons dès lors proposer un modèle de la mécanique du «CONTR’UN » que présuppose le REEL de l’énoncé T1 que nous appellerons l’énoncé T2 :

T2 =  « Les sociétés primitives sont évidemment « CONTR ’UN » car ce sont des sociétés S2 captives d’un espace divergent (où j≠j’) énoncé par ces Etats défunts (notés S22, indice de divergence) que sont les grossesses. Leurs ETRES SOCIAUX ne peuvent dès lors survivre sémiologiquement lorsque l’espace forclos des grossesses S22 (où se trouvent leurs NAITRES  SOCIAUX) est occupé par un espace convergent  (où  j=j’) capable de produire sur S2, les déictiques d’un arbre de choix (dont l’arrêt des menstrues est un des mémoires féminins les plus difficiles à désémiologiser, à effacer)».

47. From that moment on, we can propose a mecanical model of the «CONTR’UN/AGAINST ONE » that supposes the REAL of the T1 enunciation that we will name the T2 enunciation:

T2 = « Primitive societies are evidently « CONTR ’UN/AGAINST ONE» because they are S2 societies captive of a divergent space (or j≠j’) enunciated by these  perished States (marked S22, indicator of divergence) which are the pregnancies. Their SOCIAL BEINGS cannot thenceforth semiologically survive when the foreclosed spaces of these pregnancies S22 (where lies their SOCIAL BIRTHS) is occupied by a converging space (or j=j’) able to produce on S2, the deictics of a chosen tree (of which the interruption of menstruation is one of the feminine memories which is one of the most arduous to desemiologize, to erase)».

48. Les sémiologies religieuses s’ajustent  dans ce type de REEL. Le REEL de la thèse T est lié au fait qu’il n’existe d’autre temps historique répertorié dans la grammaire de l’ETRE SOCIAL d’une société sans longue histoire que la fin des règles qui débute une grossesse. Quand un drame survient à l’âge T=t d’un individu, la grammaire générative qui va chercher à modifier son NAITRE historique va se produire au temps TT=2t. Or la sémiologie meurt au temps TT puisqu’il y a retour sur son naître social et destruction de l’espace de signes que présuppose son ETRE SOCIAL.

48. Religious semiologies adjust themselves in this type of REAL. The REAL of the T treatise is related to the fact that there exists no other historical period that has been listed in the grammar of the SOCIAL BEING of a society without a lengthy history than the end of  menstruation which introduces pregnancy. When a tragedy occurs at the age T=t of an individual, the generative grammar aiming to modify its historical BIRTH will take place at time TT=2t. Semiology will therefore perish at time TT since there is a return to social birth and destruction of the sign space that presupposes its SOCIAL BEING.

49. Un pouvoir coercitif oblige le corps humain à faire des actions sans connaître les conséquences langagières « sémiologiquement mortelles » de ces actions. L’élucidation de ces conséquences et la restauration des lyses se développent dans un REEL que cherche à travailler le religieux avec tous les arts de la croyance, de l’idéologie et de la fadaise. Bien que les devins ne sachent pas ce qu’ils font, ils savent brouiller, quelques fois de façon heureuse, les effets de champs des objets de langage. C’est parfois mieux qu’une guerre mondiale.

49. A coercive force obliges the human body to take action without being aware of the « semiologically mortal » language consequences of these actions. The elucidation of these consequences and the restoration of the lysis are developed in an REAL that the religious realm strives to work on with the arts of belief, ideology and deception. Even if the soothsayers are not conscious of what they are doing, they know how to muddle, sometimes in a fortunate fashion, the field effects of the objects of language. It is oftentimes more salutory than a world war.

50. Le temps 2t est trop court dans les sociétés dites sans Etat au temps T=t du début d’une Histoire de l’Etat. Il faut, pour  allonger  la valeur du temps 2t, faire appel à la fiction d’une religion ou à la fiction d’un rapport de transfert à un maître. C’est la réponse à la question de La Boétie. Il y aura soumission et satisfaction à la soumission.

50. The time 2t is too brief in societies which are said to without State at time T=t from the beginning of a State’s History. One must, in order to stretch the value of time 2t, call upon the fiction of a religion or the fiction of a transmission given by a master. It is the answer to the question posed by La Boétie. There will be submission and this will entail satisfaction.

51. Lorsqu’on plonge le second énoncé politique de Pierre Clastres, dans un espace de langage, on peut traduire cet énoncé comme si l’évolution de l’Histoire d’une société à Etat suivait l’espace-temps de langage qui va du REEL sociologique (en situation d’émetteur [i/i’∏] ) de la société sans Etat (détruite par l’Etat au temps t) au REEL sociologique (en situation de réceptionnaire [j’∏] ) de la société à Etat (détruire au temps tt d’une anthropologie de l’Histoire) .

51. When we plunge Pierre Clastres’ second political enunciation, in a language space, one can interpret this enunciatiuon as if the evolution of the History of a society of State followed the space and time in a language, going from the sociological REAL (in a situation of transmission[i/i’] ) of a society without State (destroyed by the State at time t) to the sociological REAL (in a situation of reception [j’] ) of the society of State (destroyed at time tt of an anthropology of History) .

52. Nous obtenons l’énoncé TT2 :

TT2 = « Le temps Historique d’une  société à Etat [S1] va du début à la fin de l’histoire de cet Etat en développant le REEL qui s’est produit au temps T jusqu’au temps TT=2T où se produit l’extinction de l’Etat. »  

52. We obtain the TT2 enunciation :

TT2 = « The Historical time of a society of State [S1] moves from the beginning to the end of this State’s history by developing the REAL that occurred at time T until time TT=2T when the State undergoes extinction.»

53. Cet énoncé cherche à penser la communication d’un REEL sociologique dans un espace-temps de langage, propre à la seconde branche d’une grammaire de l’ETRE SOCIAL en mutation, capable de se communiquer dans les effets de son REEL, du début (au temps T)  à la fin (au temps TT) de l’Histoire de l’ETAT.

53. This enunciation likes to conceive of the communication of a sociological REAL within a space and time in a language, in reference to the second branch of a SOCIAL BEING’s grammar in mutation, which can communicate in the effects of its REAL, from the beginning (at time T) to the end (at time TT) of the STATE’s History37.

54. S’agit-il d’un fantasme théorique de notre part ? Les pratiques divinatoires questionnent un REEL producteur d’attracteurs formels de nature sémiologique – dépendants du montage historique du corps humain en tant qu’ ETRE SOCIAL- qui se déploient aussi bien dans les sociétés sans « Histoire » que dans les sociétés à « Histoire » .

54. Is it a theoretical fantasy on our part ? Divination practices question an REAL producer of formal magnetisms of a semiological nature – dependent upon the historical aggregation of the human body as SOCIAL BEING- which unfolds in both societies without « History » as in societies with a « History ».

55. Nous ne pouvons plus, dès lors, être dans la croyance – une idéologie bourgeoise qui a besoin de nous faire croire qu’en montant aux « affaires »- , elle va gouverner l’Histoire impensable des effets du pouvoir sur le corps humain–  qu’il n’existe pas de REEL dans lequel s’attractent et se déploient les grandes ordures répétitives de l’Histoire.

55. Thenceforth, we cannot uphold the belief that – a bourgeois ideology which wants to have us believe that by moving up in « pursuits »- it will govern the unthinkable History of the effects of power on the human body – an REAL does not exist in which the great repetitive orders of History pull towards each other and expand.

56. Ce que  Pierre Clastres a cherché  à  saisir,  en mettant en évidence ethnologiquement chez les  Indiens  Guayaki,  Guarani et  Chulupi,  les  effets  d’un REEL aux conséquences mortifères,  ce sont les effets  également mortifères , du  même REEL  qui  a  induit,  historiquement, de façon encore plus voilée,  par delà  leurs conquêtes, les dérapages des trois grandes révolutions d’Angleterre, de France et de Russie jusqu’à aboutir – en cette fameuse année 1956 -, à l’effondrement – « inconcevable », « affligeant » et « consternant » –  de  la légitimité de l’engagement militant qu’il avait pris, après l’avoir longuement mûri, avec François Châtelet et ses camarades communistes.

56. What Pierre Clastres tried to grasp, with ethnological evidence from the Guayaki, Guarani and Chulupi indians, the effects of an REAL facing fatal consequences, are the effects as fatal, of the same REAL which historically induced, in a more obscure fashion, beyond their conquests, the blunders of the three great revolutions of England, France and Russia leading to – in legendary 1956 – the « inconceivable », « woesome » et « appalling » collapse of the legitimate militant involvement that he had vowed, after a long reflection, with François Châtelet and his communist comrades 38.

57. Ce que vise Pierre Clastres avec l’énoncé TT, c’est ni plus ni moins une loi de la fin d’un pouvoir politique au bout du choix civilisationnel d’une Histoire.

57. What Pierre Clastres is aiming towards with the TT enunciation, is more or less a law governing the end of a political power at the extremity of a History’s civilizational choice.

En guise de CONCLUSION,  ce  résumé :

58.  On trouve dans l’œuvre de Pierre Clastres deux grandes thèses politiques. La thèse (que je note) T : « Les sociétés sans Etat sont des sociétés contre l’Etat » et la thèse (que je note) TT : « Les sociétés à Etat doivent être pensées à partir des sociétés contre l’Etat ». Ces deux thèses, en fait, n’en font qu’une qu’on pourrait placer à l’intérieur d’un  seul objet de langage O (t, tt) où, d’une part, O(t) désigne le  défaut de générativité que l’observateur issu d’une société à Etat (notée S1) a d’une société sans Etat (notée S2) lorsqu’il passe de S1 à S2,  et où, d’autre part, O(tt) est le REEL qui se communique d’une société sans Etat S2 -en tant que société « Contre l’Etat »- dans une société à Etat S1.

In CONCLUSION, this résumé :

58. One finds two great political treatises in the work of Pierre Clastres. The treatise (that I mark as) T : « Societies without State are societies opposed to State » and the treatise (that I mark as) TT : « Societies of State have to be considered from the point of view of societies opposed to State ». In fact, these two treatises, make up only one that could be placed inside a single language object O (t, tt) or, on one end, O (t) designates the generative flaw that the observer who is an offspring of a society of State (marked as S1) to a society without State (marked as S2) when it moves from S1 to S2, and where, on the other end, O(tt) is the REAL which communicates from a society without State S2 -as society « Opposed to State »- in a society of State S1.

59. L’incompréhension entre l’œuvre ethnologique de Pierre Clastres et les ethnologues classiques vient du fait que Pierre Clastres utilise de façon révolutionnaire le discours classique sans désigner l’épistémologie non classique que présuppose son usage révolutionnaire.

59. The misunderstanding between Pierre Clastres’ ethnology and that of the classical ethnologists comes from the fact that Pierre Clastres uses in a revolutionary fashion the classical discourse without designating the non classical epistemology that presupposes its revolutionary use.

60. Le propre d’un objet de langage O (t, tt) est de n’être appréhendable [décrit, expliqué ou compris] que lorsqu’on fait appel à un dispositif scientifique « non classique », capable de suivre de O(t) à O(t, tt) des variations méta-linguistiques de nature sitologique et topologique du lieu d’où l’observateur classique cherche à appréhender localement les deux parties de son objet. Lorsqu’une science rencontre dans son domaine d’étude un objet de langage O (t, tt) et qu’elle fait usage de l’épistémologie ancienne, utilisée par les philosophes et les ethnologues classiques, elle morcelle cet objet en deux parties : la partie O(t) = T et la partie O(tt)= TT en perdant le REEL langagier que déploie l’objet.

60. The specificity of an object of language O (t, tt) is not apprehensible [described, explained or understood] unless one has recourse to a « non classical » scientific disposal, which can follow from O (t) to O (t, tt) metalinguistic variations of a sitological and topological nature of the place where the classical observer tries to locally seize both parts of his object. When a science encounters in its field of study an object of language O (t, tt) and that it uses venerable epistemology, employed by philosophers and classical ethnologists, it splits this object in two parts : part O (t) = T and part O(tt)= TT by losing the language REAL that the object displays.

61. En produisant une réécriture épistémologique et anthropologique « non classique » « transformationnelle » des thèses O(T ; TT) de Pierre Clastres, il est possible d’accéder au REEL « Contre l’Etat » qu’elles désignent .

61. By rewriting both epistemologically and anthropologically in a « non classical » and « transformative » fashion, Pierre Clastres’ treatises O (T ; TT), it is possible to access the REAL « Opposed to State » that they designate.

62.  Dès 1973/74, j’énonçais le méta-théorème d’épistémologie des sciences qui me valut d’être lauréat de la Fondation de la vocation [1974]:  MT= « Le langage du projet classique des sciences ne peut appréhender aucun objet de langage ». Je l’ai communiqué à Michel Cartry et à Pierre Clastres en 1974. En 1974, je ne connaissais pas l’œuvre de Pierre Clastres, – Michel Cartry m’ayant seulement demandé de présenter ma théorie à Pierre Clastres- je ne fis pas le lien entre mon théorème d’épistémologie linguistique et les thèses de Pierre Clastres. Lorsqu’on connaît les thèses politiques de Pierre Clastres, la traduction est facile à faire. Il suffit de remplacer « Le langage classique des sciences » par « Société à Etat », « Objet de langage » par « Société sans Etat », « l’égalité  j=j’ entre le site j de l’énonciateur d’un canal de la communication et le site j’ du réceptionnaire du même canal » par « le règne de l’UN », « l’inégalité j≠j’ caractéristique d’une sémiologie » par « le règne du CONTR’UN ». Enfin, il suffit de dire que « les objets de langage » (i/i’), pour éviter d’être détruits dans leurs dimensions sémiologiques, doivent s’opposer à l’avènement d’un Etat où tous les objets étudiés i/i’ sont ramenés à un seul j =j’ » pour obtenir la thèse T de Pierre Clastres. J’ai du mal à penser que Pierre Clastres et Michel Cartry -eux qui connaissaient la théorie politique de Pierre Clastres- n’aient pas été attirés par mon propos épistémologique général grâce à ces analogies très simples à repérer.

62. As of 1973/74, I was enunciating the metatheorem of the epistemology of science for which I was awarded a prize by the Fondation de la vocation [1974] [ MT= « The language of the classical science project cannot perceive any object of language »] and informed Michel Cartry and Pierre Clastres in 1974. In 1974, I was not familiar with the work of Pierre Clastres, – on Michel Cartry’s request, I had only been asked to present my theory to Pierre Clastres- I did not see the connection between my theorem of linguistic epistemology and Pierre Clastres’ treatises. When one is familiar with Pierre Clastres’ political treatises, it is easily interpretable. One only needs to replace « the classical language of science » by «Society of State », « Object of langage» by « Society without State », « the equality j=j’between the j site of an enunciator’s communication canal and the j’ site of the receptor of that same canal» by « the reign of ONE », « the inequality jj’characteristic of a semiology » by « the reign of the CONTR’UN/AGAINST ONE». Finally, one need only say that « the objects of language » (i/i’), to avoid destruction in their semiological dimensions, must oppose a creation of State where all of its objects under examination i/i’ are condensed into one j =j’ » to obtain Pierre Clastres’ T treatise. I can hardly think that Pierre Clastres and Michel Cartry –who were familiar with Pierre Clastres’ political theory – could not have been drawn towards my general epistemological proposal due to its easily identifiable analogies.

63. Je connaissais donc (sans le savoir en 1974) l’épistémologie « non classique » qu’utilise implicitement Pierre Clastres. Je l’utilisais en linguistique sémantique bien avant d’aller en Afrique, mais je ne connaissais pas l’anthropologie « non classique » qu’utilisait implicitement Pierre Clastres. Il a fallu pour cela que je devienne moi-même ethnologue et sois conduit à repérer -en changeant de codes posturaux- les dimensions langagières du corps humain en tant qu’ETRE SOCIAL.  

63. I was therefore well versed (without knowing it in 1974) in the « non classical » epistemology used implicitly by Pierre Clastres. I had been using it in linguistic semantics long before I went to Africa, but I was not familiar with the « non classical » anthropology used implicitly by Pierre Clastres. I had to become an ethonologist myself in order for this to happen and brought to notice – by changing postural codes – the language dimensions  of the human body as SOCIAL BEING.

64. Le corps humain fonctionne comme un objet de langage et est soumis aux propriétés sémiologiques (i/i’) de tout signe linguistique. 

[ D’où l’exogamie et l’évitement de l’inceste afin que le tissu sémiologique ( posant j≠j’ ) du corps du mammifère humain -sémiologisé en tant qu’ ETRE DE LANGAGE et en tant que CORPS SOCIAL PARTAGEABLE – spécifié dans les arbitraires  d’une histoire sociale oubliée  – ne vienne  pas  en souffrance  ( de  i /i’∏ vers  j’=j’∏=j ) détruire  en  j=j’∏ les bases sitologiques de la grammaire générative qui fait de son ETRE  une production sociale  qui  peut interférer en j =j’=j »=j »’ et  être détruite en j=j’ ∏  par  (et dans le langage de) sa reproduction sociale  en j=j »=j 2k ∏ . ]

64. The human body functions like an object of language and is subjected to the semiological properties (i/i’) of any linguistic sign. 

[ Implying exogamy and the prohibition of incest … ]

65. L’usage révolutionnaire que Pierre fait de la philosophie et de l’anthropologie classique, bien que producteur de sens et d’intelligence, n’est pas garant de la découverte d’un REEL explicitable dans un texte scientifique. Pour faire cet acte de science, il faut développer des outils difficiles à réunir dans une seule discipline.

65. The revolutionary use that Pierre makes of philosophy and classical anthropology, even though it provides meaning and intelligence, is no pledge for the discovery of an explicit REAL in a scientific text. To accomplish this scientific act, one must develop tools which are challenging to reunite in a single discipline.

66. Ma traduction philologique « non classique » de la géomancie latine européenne citadine (que Pierre mettrait du côté des sociétés à Etat) m’aida énormément pour accéder -par une transformation inter-grammaticale allant de la société de l’observateur à la société des observés- à la  géomancie africaine bambara villageoise. Je disposais ainsi d’un « passeport » – d’une nouvelle pierre de Rosette.

66. My philological translation of the « non classical » Latin European geomancy emerging from the cities (that Pierre would classify as societies of State) was a great aid in accessing – by the intergrammatical transformation from a society of the observer to a society of the observed – the geomancy derived from the African Bambara villages. I therefore disposed of a « passport » – a new Rosetta Stone 39.

67. La relecture  des thèses T et TT de Pierre Clastres nous permet de dégager des hypothèses vérifiables sur des corpus historiques . Nous ne pouvons -dans les limites de ce texte- que le signaler sans fournir ici le dossier complet que permet cette recherche.

67. The rereadings of Pierre Clastres’ treatises T and TT allow us to extract verifiable hypotheses on historical corpora. We can only – given the limits of this text – refer to it without providing the complete project that this research permits.

68. Le passage de la thèse T à la thèse TT fait appel à la communication d’un REEL que travaillent et que bloquent, dans ses effets mortifères, aussi bien les Guayaki que les géomanciens africains. En questionnant formellement leurs pratiques et en  replaçant  les formalismes que déploient  ces pratiques à l’intérieur de la longue Histoire d’un Etat, il est possible de mettre en évidence des propriétés formelles insoupçonnées -sémantiquement compréhensibles- qui gouvernent les trois révolutions européennes d’Angleterre, de France et de Russie .

68. We can only – given the limits of this text – refer to it without providing the complete project that this research permits. The passage from treatise T to treatise TT alludes to the communication of an REAL, that the Guayaki as well as African geomancers, work towards and block in its fatal effects. By formally questioning their practices, and displacing the formalism implicit in these practices within a State’s lengthy History, it is possible to display unimaginable formal properties – which are semantically comprehensible that govern the three european revolutions of England, France and Russia40.

69. Nous pouvons désormais avancer l’idée qu’il existe donc des lois de l’Histoire ou tout au moins des régularités historiques très puissantes inconnues des intéressés. Tel est l’objectif scientifique du passage de la thèse T à la thèse TT de Pierre Clastres.

69. We can henceforth propose the idea that there exists laws of History or at least very powerful historical regularities unknown to the interested party. Such is the scientific objective of the passage from Pierre Clastres’ treatise T to treatise TT.

70. La retraduction de la thèse TT nous permet de désigner à l’échelle du déploiement culturel d’une grande histoire politique les liens formels insoupçonnés qui se sont développés, par exemple, entre Karl Marx et les dirigeants de l’URSS et de la Chine captifs, les uns et les autres, d’un même culte de la personnalité .

70. Retranslating treatise TT allows us to designate on the scale of a great political history’s cultural expansion the unimaginable formal relationships which have been developed, for instance, between Karl Marx and the leaders of the USSR and China, both captive of the same personality cult 41.

71. Enfin, la retraduction de la Thèse T sur  une très grande échelle historique met en évidence des liens formels insoupçonnés qu’il y a entre l’effondrement de l’Empire Romain d’occident et la succession des grands clivages dynastiques de l’Histoire de France.

71. Finally, the retranslation of treatise T on a very large historical scale displays the unimaginable formal relationships that exist between the collapse of the Roman Empire and the succession of great dynastic cleavages of the History of France42.

72. En conclusion, la relecture anthropologique « transformationnelle » et « non classique » des deux thèses de Pierre Clastres permet  de donner une définition claire et précise de l’anthropologie politique de Pierre Clastres. C’est l’étude des effets des choix politiques sur les dimensions langagières des corps humains en tant que ces corps  sont des corps sociaux. 

72. In conclusion, the « transformative » anthropology and « non classical » rereadings of Pierre Clastres’ two treatises provide a clear and precise definition of Pierre Clastres’ political anthropology. It is the study of the effects of political choices on the language dimensions of human bodies as long as these bodies are social bodies. 43

 

Les Mesnuls/ Paris/ Cannes  11 janvier 2011

FIN DU TEXTE  PRINCIPAL

LES NOTES DU TEXTE PRINCIPAL

73.   Il y a dans le texte bi-lingue   44  appels de notes.  Toutes les notes sont mises après le texte.

Les  notes qui sont données dans le texte  principal  sont – sur le plan théorique-  plus importantes que le texte.  La traduction anglaise actuelle  de ces notes manque,  sauf  pour  la note 40 donnée par K. Fall.

La note 40 est une note fondamentale.  Elle communique au lecteur le résultat fondamental qu’a pu produire cette recherche.

NOTES FROM THE MAIN TEXT

There are 44 footnotes in the bi-lingual text .  All notes are made ​​after the text. 

The notes  that are given in the text are more important than the text.   The  English translation notes are missing, except for note 40.

Note 40 is fundamental.  It communicates to the reader the fundamental result that could produce this research.

74. Il y a ONZE notes très importantes pour comprendre le texte . Ce sont les notes suivantes: 9, 10, 15, 22, 24, 25, 30, 31, 35 , 40.

 

There are ELEVEN very important notes to understand the text .   These are the following notes: 9, 10, 15, 22, 24, 25, 30, 31, 35, 40.

75.Liste des notes très importantes.

List of very important notes.

Note 9  =  Le concept de signe linguistique . Géométrie du langage articulé.

The concept of linguistic sign.  Geometry language. 

Note 10 =  Différence entre une représentation « TABLEAU » et une  « TOPIQUE » ]

= Representation « table » and « topical » representation

Note 15 =  Théorie linguistique de l’exogamie et de  l’ évitement  de l’inceste

= Linguistic theory of exogamy and the prohibition of incest

Note 22 =  Le concept de  générativité en linguistique

= The concept of generative grammar in linguistics

Note 24   =  La déformation sémiologique du canal de la communication.

Le cas du  circuit saussurien de la parole.

= Semiotic distortion channel of communication. Saussurian circuit speech.

Note 25   = Le triple enchaînement morphologique du dessin, du gestes et du labre

= The triple linking morphological : drawing,  gesture  and  labrum.

Note 30 =  Le concept de REEL SOCIOLOGIQUE

=The concept of « sociological REAL »

Note 31 =  La contre-thèse T1 de Pierre Clastres donnée par Philippe DESCOLA

( Collège de France, Paris)

= The T1 anti-thesis of Pierre Clastres given by Philippe DESCOLA 

Note 32 =  La contre-thèse TT1 de Pierre Clastres donnée par Marc AUGE

( Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris)

= The TT1 anti-thesis of Pierre Clastres given by Marc AUGE 

Note 35  =  Pourquoi les Dieux aiment-ils la viande grillée ?

= Why do they like Gods grilled meat?

Note 40 =  Une découverte fondamentale en anthropologie historique  [2001]

produite par  Christian Bertaux  ( Université Paris 7-Denis Diderot)

= A fundamental discovery in historical anthropology [2001]

 produced by Christian Bertaux 

      Seule la note 40 a été traduite en anglais  par Khadiyatoulah FALL en 2012 ou 2013. 

(Université du Québec à Chicoutimi)

76.-  Le texte bilingue  de la note 40 peut être présenté de façon indépendante, à la suite ou non du texte principal offert en hommage à Pierre Clastres.  Autonome, ce second texte parait sur  INTERNET sous le titre   « Une découverte fondamentale en anthropologie historique » [2001], la découverte ayant été faite une dizaine d’années avant qu’elle ne soit indiquée et/ou résumée dans une note.  La propriété « inimaginable » désignée dans la note 40 est fondamentale. C’est, pour l’auteur de ces lignes, ce type de résultat scientifique fondamental que cherchaient à produire – sans en avoir les moyens techniques- les ethnologues de terrain, de cette époque en France, comme  Michel CARTRY et comme Pierre CLASTRES.  Les philosophes du politique, du religieux  ou de l’histoire des sciences, à cette époque en France,  ne  faisaient  pas un « terrain ethnographique de type exotique » seulement pour décrire les Guayaki du Paraguay, les Gourmantché de Haute Volta ou les Bambara du Mali, mais pour accèder à un ordre de REEL de dimension sociologique générale capable de leur permettre de comprendre les calamités historiques – criminelles – « insensées » –  « désespérantes »- « coercitives » – qui s’étaient produites dans leurs propres sociétés, en particulier sous le Stalinisme, qui participait de façon avouée, à la différence du nazisme,  à un idéal humaniste qu’ils partageaient.

77.- Un troisième  texte  autonome, écrit en français, non  encore traduit en anglais,  pourrait  suivre  le texte bilingue de la note 40.  Pour des raisons d’éditions, ce texte -fort long- ayant pour sous-titre   « Vérification de la propriété formelle des trois souverains » [2002]  soit  a été mis  après le texte de la note 40  (qui résume bien le débat, le projet  et l’objectif de cette recherche) soit a été donné indépendamment des textes précédents directement en ligne sur INTERNET  à  Bertaux Glah ou à Bertaux Flickr,  ou sur tout autre site .   Ce troisième texte -qui reprend le titre du mémoire scientifique de 2005   » LE LOGOS DE FORME DES TROIS SOUVERAINS  » –  permet au lecteur de faire par lui-même la vérification de la loi formelle  S2 = { µ(H)= N’ }  suivie par les  TROIS SOUVERAINS . Ce texte  a également  l’intérêt  d’offrir au lecteur quelques exemples de « Géométrie simple » de l’Histoire . 

78.- Parmi les « géométries simples de l’Histoire » , un déploiement énonciatif de grande dimension historique  pourra  retenir  notre attention dès le texte présent.  Il s’agit du déploiement événementiel qui s’est produit à l’intérieur d’un rail formel  (noté  µ'(H)= N’ )  aux propriétés proches de  la double propriété caractéristique S1/ S2 dans laquelle se déploient les vies dramatiques des TROIS SOUVERAINS.  Pour mieux penser l’ analogie formelle (associable à un RESSAC de VIE) qui s’est réalisée -dans un même rail formel- ,  en France, en Allemagne et en Russie,  il suffit de  remplacer  -dans la vie des chefs d’Etat-  les décés (noté †)  par les fins de règnes ( notées ††).  Ainsi  les décés (†) des  TROIS SOUVERAINS  EUROPEENS  ( Charles 1er d’Angleterre, Louis XVI de France et Nicolas II de Russie)-trois chefs d’Etat qui appartiennent à un pouvoir politique (quasi-religieux) issu de longues dynasties héréditaires  peuvent être remplacés à l’intérieur d’une même FORME GEOMETRIQUE – un même LOGOS FORMEL-  par  les  fins des  règnes (††)  des TROIS TYRANS EUROPEENS ( Napoléon 1er, Hitler et Staline) – trois chefs d’Etat  qui n’ appartiennent pas à un pouvoir politique ( quasi-religieux) issu de longues dynasties héréditaires.  Pour le lecteur  averti des recherches qui ont été produites en « anthropologie structurale », ce type de construction faisant appel à des analogies formelles s’appuyant sur des « saillances sémantiques minimales » n’est pas très éloigné des « groupes de transformation » qui ont été dégagés par Claude Lévi-Strauss dans ses MYTHOLOGIQUES.   Nous n’en dirons pas plus ici.  Nous renvoyons le lecteur à l’ ANNEXE qui est donnée à la  fin du  texte bilingue de la note 40. 

PAGE 79

Christian Bertaux , De Michel Cartry  à Pierre Clastres .

Souvenirs, éclaircissements et résultats.

Christian Bertaux, from Michel Cartry to Pierre Clastres.

Remembrances, elucidations and results.

Traduction proposée par Khadiyatoulah FALL

Les 44 notes  du  texte bilingue  données en français  par  Christian Bertaux.  

[*]  Note initiale non numérotée , écrite en 2014  afin de présenter le  texte bilingue  :

I  thank Professor Khadiyatoulah FALL from the University of Quebec at Chicoutimi […]

Je remercie vivement le professeur Khadiyatoulah FALL de l’ Université du Québec à Chicoutimi  d’avoir eu la gentillesse de s’être essayé à traduire en anglais le texte  difficile que j’ai  écrit  en français en hommage à Pierre Clastres.

Je lui en suis vivement reconnaissant car je pense  que la découverte formelle indiquée dans ce texte – qui signale en note 40 une propriété mathématique et linguistique en Histoire – est une découverte fondamentale en sciences sociales qui mérite d’être communiquée. Je fais l’hypothèse que cette découverte est celle-même que recherchaient et qu’espéraient produire, dans les années 1970, – sans en avoir les moyens techniques – les ethnologues en France, comme Michel Cartry et Pierre Clastres.  Sans les exigences épistémologiques, l’insistance et la profondeur de ces ethnologues de terrain – très critique vis à vis de la pratique classique de l’ethnographie – , certainement,  je n’aurais pas pu produire cette découverte.  

Si ces chercheurs en sciences sociales et en philosophie politique en France sont devenus des ethnologues à la suite des drames humains de dimension géopolitique de l’année 1956, c’est fondamentalement – non pour se limiter à décrire « ethnographiquement » des groupes sociaux « primitifs » – mais pour accéder … , à l’intérieur de la pratique de l’ethnologie de terrain,  grâce à l’étude de « petits groupes sociaux » ayant développé des modèles historiques de l’humain différents de ceux que présupposent les spécialistes en sciences sociales, … au REEL  anthropologique et sociologique de nature  historique et  langagière de toutes les sociétés humaines.  

[**] Suite de la note initiale non numérotée, écrite en 2014, signalant un problème de traduction .

Translation problem reported by Christian Bertaux. I use the French word REEL accurately. To report this use, I put the word with four capital.

Problème de traduction signalé par Christian Bertaux  : 

 

J’utilise  en français  le mot  REEL de façon précise.  Pour désigner cet emploi précis, je mets le mot avec quatre majuscules.  Je prends le mot français REEL  ( un réel )  dans son opposition au mot français REALITE (une réalité) en  étant influencé par Jacques Lacan (1901-1981) qui distingue le REEL de la REALITE, mais je prends  surtout le mot REEL dans son opposition relative au mot RATIONNEL  en faisant appel à  l’opposition qu’il y a en mathématiques entre les nombres REELS  [ le « corps des REELS »  R ] et les nombres  RATIONNELS (le « corps des rationnels »  Q). En mathématique, les RATIONNELS ne peuvent engendrer les REELS. Par contre, les RATIONNELS forment un sous-ensemble des REELS. On trouve en anglais pour traduire l’expression mathématique  « nombre réel »  l’expression  « REAL NUMBER ». On passe facilement en français de l’expression « un nombre REEL » à  l’expression élidée  « un REEL ».  Cela semble plus difficile en anglais  « a REAL ».

Pour traduire mon usage du mot français REEL, mon ami Khadiyatoulah FALL, qui a eu la gentillesse de me proposer cette traduction, a utilisé le mot anglais ENTITY.  J’ai préféré utiliser le mot REAL au mot ENTITY pour mieux l’associer au « REAL NUMBER » des mathématiciens. J’utilise donc ici le mot anglais REAL au lieu du mot ENTITY proposé par  Khadiyatoulah FALL en conservant  -comme pour le mot français REEL-  les quatre majuscules afin d’indiquer que le mot est utilisée d’une façon  technique, qu’on ne retrouve pas dans les usages courants du français  ou de l’anglais qui confondent souvent « réel » et « réalité ».

Si j’avais à donner une définition du statut de ce  REEL  [REAL / ENTITY]  qui se trouve visé par mon usage du mot REEL,  je dirais qu’un REEL  (associable à un domaine d’étude [X] )  est  une source de générativité  [à situer en « structure profonde »] capable de « mettre en forme »  les  REALITES  perçues ou rapportées [à situer en « structure de surface »] qui se manifestent  au moins partiellement, de façon désignable, dans ce domaine d’étude [X].

Il n’y a de science que de science du REEL par delà les REALITES appréhendables.

Une des propriétés fondamentales d’un REEL est de résister aux explications discursives, aux rationalisations idéologiques, aux discours de cohérence et aux croyances, qu’elles soient laïques ou religieuses, qui, en ne disposant pas de médiations formelles de type géométrique ou de type  linguistique mathématique, ne peuvent appréhender ( décrire, expliquer ou comprendre), adéquatement,  la  nature et  les propriétés de ce REEL. 

Le but d’une science est d’ACCEDER au REEL de son domaine  classique (X) ou non-classique (X/Y) d’étude afin de pouvoir, grâce à l’éclaircissement d’une théorie  et grâce à l’usage d’ « imaginaires théoriques » et de médiations formelles adéquates, bien décrire ce domaine.

On trouve deux fois 43 appels de notes dans le texte principal bilingue donné ci-dessus. Je fournis, ci-dessous, la suite de ces 43 notes en conservant les numéros d’appel indiqués dans le texte bilingue.  Seule actuellement  [ en juin 2014], la note 40 a été traduite en anglais par A. FALL .  Le texte bilingue de cette note étant  relativement autonome par rapport aux texte offert en hommage à Pierre Clastres et à Michel Cartry , je  communique  ce  texte  directement – en ligne- sur INTERNET- sous le titre:

 « Christian BERTAUX, A fundamental discovery in historical anthropology / Une découverte fondamentale en anthropologie historique    » [ 2001].   J’ai ajouté à cette communication  un texte en français qui permet au lecteur de vérifier par lui-même la propriété fondamentale signalée .  Ce second texte [ qui a moins besoin d’être traduit ] est intitulé   » Verification of the formal law of the three sovereigns / Vérification de la propriété formelle des trois souverains  » [2001 ]. 

    Fin de la note initiale non numérotée [*] [ **]  

      donnée avant les 43 notes du texte principal 

LES  QUARANTE TROIS NOTES DU TEXTE PRINCIPAL

   

« La mort ?  Ce serait trop beau que – face au REEL- on puisse s’en sortir à si bon compte »   Michel Cartry à Ch. Bertaux et/ou Ch. Bertaux à Michel Cartry, Hossegor 1975.

The sentence I quoted is not to Jorge Luis Borges, but Charlie Chaplin.

[ C’est par erreur  que j’ai  fait référence à  Jorge Luis Borges  dans la citation que je donne au début de mon texte.  Elle pourrait être de Jorges Luis Borges. Jorges Luis Borges est l’auteur de « La Bibliothèque de Babel » [1944], de   » L’ ALEPH » [1949] ,  de  » ELOGE DE L’OMBRE » (Elogio de la sombra) [1969] , de  » LE LIVRE DU SABLE » (El Libro de arema) [1975],  de  »QU’EST-CE QUE LE BOUDDHISME ? » [1976], de  » NEUF ESSAIS SUR DANTE » [1982], etc. C’est un auteur singulier – imaginatif  et profond- que j’apprécie particulièrement et que j’ai eu envie de  nommer dès le début de mon texte, en hommage à Pierre Clastres (1934-1977) 43 [= 78∆ BORGES 87 PY]  et à  Michel Cartry (1931-2008) 77 [= 109*3 BORGES 87 PY]  . Après vérification, cependant,  la  phrase  que j’ai donnée n’est ni de Jorge Luis Borges (1899-1986) 87 ni de  Junichiro TANIZAKI ( 1886-1965) 79 , auteur japonais de « Eloge de l’ombre » [1933] , mais  de Charlie Chaplin (1889-1977) 88 [= 78∆ BORGES 87 PY =  91∆  TANIZAKI 79 PY ] , un autre  merveilleux  grand bonhomme  ].

Une version plus courte de ce texte « De Michel Cartry à Pierre Clastres. Souvenirs, éclaircissements et résultats. » ayant pour sous-titre «  Relecture des thèses politiques de Pierre Clastres à partir de l’épistémologie linguistique et de l’anthropologie transformationnelle » [2011] – qui signalait initialement son résultat principal  à l’aide d’un sous-titre plus affirmatif : « De l’existence d’un REEL de nature sémiologique en anthropologie sociale, en anthropologie religieuse et en anthropologie politique. » [2011]  – a été écrite en vue de la parution des actes du colloque  international « Pierre Clastres et Nous ». Le Colloque a eu lieu les 18, 19, 20 novembre 2009, à Paris Unesco /Collège International de Philosophie  sous la direction de Miguel ABENSOUR et d’Anne KUPIEC . Qu’ils en soient ici sincèrement remerciés. Sans eux je n’aurais pas eu le courage d’écrire ces textes qui  remettent  en chantier l’histoire de ma recherche . Le texte plus court retenu par Miguel ABENSOUR  pour les actes  du Colloque a pour titre «  Relecture des thèses politiques de Pierre Clastres à partir de l’analyse topologique de la pratique des devins bambara du Mali » [2010] . Le titre de ma conférence au colloque « Pierre Clastres et Nous » avait pour titre  : « Relecture anthropologique du discours du Contr’Un des devins bambara du Mali. » [2009].

François CHÂTELET (1925-1985) est historien de la philosophie et philosophe politique. Il eut, alors qu’il était professeur de philosophie  à Paris en Sorbonne pour étudiants en philosophie, quatre jeunes communistes qui devinrent de grands ethnologues : Michel Cartry (1931-2008), Lucien Sébag (1933-1965), Pierre Clastres(1934-1977) et Alfred Adler (né en 1934). Il les retrouvait régulièrement de 1953 à 1956 dans la cellule des étudiants communistes de la Sorbonne où ils réfléchissaient ensemble sur leurs engagements et leurs pratiques théoriques.

L’ouverture du XXe Congrès du Parti Communiste (PC) de  l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) s’est faite en février 1956. C’est  lors de ce Congrès, le 25 février 1956, que le  premier secrétaire du PC-URSS, Nikita KHROUCHTCHEV (1894-1971),  prononçait son « rapport intérieur  » (dit le « rapport secret »)  dénonçant les crimes de Staline. L’insurrection hongroise a eu lieu en octobre 1956 . Les chars soviétiques  interviennent . Les premiers tirs sur les insurgés ont lieu le  23 octobre 1956. Le chef du gouvernement hongrois à la tête du mouvement de libération  Imre NAGY (1896-1958) est remplacé par Janos KADAR (1912-1989) imposé par l’armée soviétique. L’insurrection hongroise reprend en novembre 1956. Une nouvelle intervention des chars soviétiques a lieu les 5 et 6 novembre. Imre NAGY est  arrêté. Il sera  jugé, à la suite d’un procès tenu secret, puis exécuté. Sa fille, Anne-Marie LOSONCZY, deviendra ethnologue. Cf. Anne-Marie LOSONCZY, « Le saint et le citoyen au bord des tombes. Sanctification populaire de morts dans les cimetières urbains colombiens. » in RELIGIOLOGIQUES, 18, automne 1998, 149-165.

« Les chars soviétiques à Budapest, c’était le désaveu absolu de ce que Khrouchtchev avait dit en février 1956, quelques mois plus tôt. »   Dominique Desanti et Jean Toussaint Desanti, La Liberté nous aime encore »  Ed. Odile Jacob, 2001,  p 208

« 1956 :[…] Comment analyser l’ensemble de cette année cruciale ? […]. Entre le rapport secret de Khrouchtchev (au XXe Congrès) sur les crimes de Staline, l’effroi des Partis communistes, surtout en Occident, devant cette vérité explosive (qui pouvait, pensaient-ils, les décapiter), leurs tentatitives pour la taire, puis l’amoindrir et la minimiser, même au prix d’amputations et de scandales… l’automne enflammé où en Pologne et Hongrie les masses s’insurgent et où les chars du pays-du-socialisme tirent sur les travailleurs, à Budapest, ce fut l’année du grand ébranlement. » Dominique DESANTI (née en 1919), » Les Staliniens. Une expérience politique (1944-1956) » Ed. Fayard 1975  p 307.

«  Notre postulat était simple, sans retour et fondait notre engagement; 

a) La Révolution russe a été la première révolution prolétarienne de l’histoire. 

b) Le prolétariat est au pouvoir en U.R.S.S. 

c) L’U.R.S.S. est donc le pays du socialisme. C’était acquis. Acquis sans discussion. 

Sans cette évidence, il n’y avait pas de raisonnement politique cohérent. Dès que cette évidence s’est effondrée (en 1956 pour nous) tout s’est effondré. Ce ne fut pas un incendie, mais un tremblement de terre. »    » Un témoin: Jean Toussaint DESANTI « :

Texte  donné en  annexe dans Dominique DESANTI, Les Staliniens. Une expérience politique (1944-1956) op. cit.  p 361.

Michel CARTRY (1931-2008), ethnologue africaniste, fut directeur d’Etudes à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, section des sciences religieuses. Il reprit la chaire de Germaine Dieterlen (1903-1999). Il travailla chez les Gourmantchè de Haute Volta (Burkina Faso). Dès son premier texte de 1963, Michel Cartry faisait une découverte fondamentale : l’existence d’une écriture divinatoire africaine non vernaculaire cherchant à retravailler des choix prénataux. Pierre Clastres connaissait  les travaux de  son ami.

Alfred ADLER (né en 1934) est un des meilleurs spécialistes de l’anthropologie politique africaniste. C’est un bon exemple d’ethnologue de terrain -ami de longue date de Pierre Clastres- qui, en étant dans l’impossibilité de dépasser le quiproquo épistémologique qui s’est produit entre Pierre Clastres et les ethnologues classiques, est resté silencieux sur l’œuvre politique de son ami. Alfred ADLER  étudie une société africaine à Etat puissant ayant développé un pouvoir centralisé : la royauté des Moundang du Tchad, que Pierre Clastres mettrait, paradoxalement pour un ethnologue classique, dans la catégorie des sociétés sans Etat [S2]. Pierre Clastres a connu le début de l’œuvre d’Alfred ADLER : « Le bâton de l’aveugle. Divination, maladie et pouvoir chez les Moundang du Tchad » [texte écrit avec Andras Zempléni, né en 1938], Ed. Hermann, Paris 1972 .

Lucien SEBAG (1933-1965) fut un militant actif du PC de 1953 à 1955. Il contribua à la naissance de l’opposition communiste dans diverses cellules d’étudiants. Exclu du PCF en 1955, il fut jusqu’en 1960 lié à des mouvements d’Extrême-gauche. Il découvrit la psychanalyse en 1956. Il suivit une analyse avec Jacques Lacan (1901-1981). Dès 1961, il entreprit  l’étude de la mythologie des Indiens Pueblos. Membre avec Clastres du laboratoire d’Anthropologie sociale dirigé par Claude Lévi-Strauss, il  fit son premier terrain d’ethnologue en Amérique latine en janvier 1963 avec Pierre Clastres chez les Guayaki du Paraguay. Pierre Clastres nomme discrètement Sébag dans la « Chronique des Indiens Guayaki » [1972] (dédié « à Hélène ») en parlant de « mon collègue S. ». Sébag séjourna  ensuite chez les Ayoréo de Bolivie. Il rentra à Paris en janvier 1964. Il fit paraître un livre« Marxisme et Structuralisme » [1964]  (dédié « à  JUDITH » ). Il se donna la mort  le 9 janvier 1965. Une équipe de chercheurs a fait paraître en 1971 le livre posthume de Lucien SEBAG « L’invention du monde chez les indiens Pueblos » [Editions François Maspero] avec une préface de Claude Lévi-Strauss. François Châtelet a dédié « à Lucien Sébag » son livre sur Platon  « Platon » [1965].

« La Fondation de la Vocation » a été créée par Marcel Bleustein-Blanchet (1906-1996)  qui voulait qu’elle soit « le prix Nobel de la Jeunesse ».  Je me suis présenté à la Fondation en mars 1973 – un pneumatique de Jacques Lacan (1901-1981) en poche-  en proposant  à la « Vocation » pour thème  de  recherche  « Le développement d’une compréhension linguistique du projet classique des sciences et des processus de pensée ». J’ai été reçu en 1974,  avec les lauréats de la promotion « Marcel Pagnol » [1974]  grâce au soutien et au parrainage de Raymond ARON (1905-1983) et à  l’appui de deux de ses adversaires politiques : l’ épistémologue des mathématiques Jean-Toussaint DESANTI (1914-2002) et le sémiologue de la littérature Roland BARTHES (1917-1980).  Cf. «Christian BERTAUX » [Remarque de Raymond Aron sur] in Jacques NOSARI, Les Talents et les Hommes, Promotion Marcel Pagnol, 3000 candidats, 23 lauréats, Le FIGARO,  Mercredi 4 décembre 1974, p 28.

NOTE FONDAMENTALE SUR LE CONCEPT DE SIGNE EN TANT QUE PLUS PETIT OBJET DE LANGAGE ARTICULE  :  Ch. Bertaux, « Logique et linguistique » Diplôme de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, [EPHE 6ème section/ EHESS, 1972] ; « Epistémologie linguistique et linguistique à entrée sémantique » [Doctorat de linguistique, EPHE 6ème section/EHESS, Université Paris 7-Jussieu, 1975].

L’idée est la suivante :  On se donne pour objet minimal de langage  O (t, tt) un SIGNE LINGUISTIQUE  (i/i’). Pour qu’un  signe linguistique (noté localement   en i/i’), puisse « faire signe », il faut que l’espace dans lequel s’énonce le signifiant de j à i/i’ soit différent que l’espace d’où se réceptionne le signifié de i’ à j’. On a donc pour tout objet de langage O (t ; tt), la formule suivante : O ( [ j–i]t / [i’–j’]tt ), avec  j≠j’. La lettre t de l’objet O(t, tt)  est le temps d’énonciation ou d’effectuation qu’il faut pour parcourir la branche convergente [asymétrique] de l’énonciation du signifiant de j vers i’ et  la lettre doublée  tt de l’objet O(t,tt) est  le temps qu’il faut  pour parcourir la branche divergente [symétrique] du réceptionnaire des effets de sens issus du signifié de i’ vers j’. Pour qu’un signe soit détruit, il faut que  j=j’ . On a alors  t= tt, l’événement tt se produit alors au temps  2t.

NOTE FONDAMENTALE SUR LE CONCEPT DE TOPIQUE DANS SON OPPOSITION A UNE REPRESENTATION « TABLEAU »  :

En 1974, après avoir fait son exposé sur la pratique du devin géomancien gourmantchè, le LIIDO, Michel Cartry avait essayé -sans grande conviction- de théoriser le tableau du géomancien en faisant appel aux actants de A. GREIMAS (1917-1992). Il transformait à tort -en suivant l’idéal de représentation du projet classique des sciences- l’espace divinatoire d’un géomancien -espace qui a les propriétés d’une TOPIQUE- en un espace TABLEAU. Par définition, nous dirons que dans une représentation « TABLEAU » l’observateur  est à l’extérieur du TABLEAU. En conséquence, il n’occupe pas et il n’éclipse pas une partie de l’espace des représentations que vise le tableau. A contrario, dans une TOPIQUE, l’observateur est nécessairement dans l’espace de la topique. En conséquence, il occupe et éclipse une partie de l’espace des représentations que fournit la topique. Pour qu’ un signe fasse signe, il ne faut pas que l’on puisse voir simultanément l’espace ji du signifiant S1 et  l’espace i’j’ du signifié S2. Un signe linguistique (signifiant/signifié) -les deux parties d’un tableau de géomancie (les quatre mères et les quatre filles) – l’opposition S1/S2 de Clastres- l’opposition « Part homme/ Part femme » chez Lacan (Cf. Le séminaire ENCORE) – l’opposition Liido= «devin géomancien  sédentaire» / Jaba « devin aveugle itinérant » chez les Gourmantchè décrits par Michel Cartry -la relation Ache Gatu/ Ache « Etrangers » chez les Gyayaki décrits par Pierre Clastres- etc, se déploient dans une TOPIQUE. Ces objets  « langagiers » ne sont pas représentables  adéquatement dans un TABLEAU.

Je n’en indique ici que deux. La troisième  que j’appelle «  µ(H) PY » [ lire « MU de H p i »] permet de questionner les corpus historiques (créations des nombres PY, des µ(H),  etc). Voir « De l’existence d’un REEL simple dans les sciences sociales » (op.cit. INFRA)

Christian Bertaux et Michel Cartry, « D’un emploi possible du concept de topique en ethnologie » [Inédit, 55 pages] Hossegor, septembre 1975.  Dans ce texte  écrit à la demande de Pierre Clastres et  qu’a  lu Pierre Clastres, sont donnés les concepts de « sujet épistémologique », de « topique », de « grammatique », de « procès d’effectuation » , de « bascule énonciative » et d’objet de langage O (t, tt). Avec Michel Cartry [1975], j’appelle « GRAMMATIQUE » la grammaire générative Gn de l’ETRE SOCIAL  An d’un groupe social Sn.

Cf. Ch. Bertaux, « L’être du corps dans l’espace de l’œil. Etude de quelques torsions corporelles amenées dans l’ordre d’un intertexte pictural:  L’escamoteur  de Jérôme Bosch (1480)  et Les demoiselles d’Avignon  de Pablo Picasso (1907) », in Peinture, cahiers théoriques, Ed. Louis CANE, Paris, n°14/15 mai 1979,  pp180-201,  7fig., 2 photos ;

« Gestes et images dans les cheminements de la parole. Les propriétés de l’énonciation ».  Polycopié, université Paris 7-Denis Diderot [1985] pp  1-122 ;

« La gestuelle du jeu de dames au Mali » in  Geste et Image, n°5,  [9 pages, 5 fig.]. Publication du Centre de Recherche sur la réalité gestuelle des Sociétés humaines, CNRS,  Paris 1985.

NOTE FONDAMENTALE SUR LES PROPRIETES GEOMETRIQUES NON EUCLIDIENNES DU CANAL DE COMMUNICATION DANS LEQUEL S’ENONCE , D’UN ENONCIATEUR [A] NON RECEPTIONNAIRE A UN RECEPTIONNAIRE [B] NON ENONCIATEUR,LA TRANSFORMATION « SIGNIFIANT/ SIGNIFIE » D’UN SIGNE LINGUISTIQUE :

J’ai peu à peu compris qu’un acte d’énonciation est un cheminement qui se déploie dans une « TOPIQUE » proposant à tout corps de langage associé à l’acte d’énonciation, de réaliser un passage qui va de l’espace de l’énonciateur A à l’espace du réceptionnaire B d’un canal de la communication déformé -comme dans le circuit saussurien de la parole- par l’actualisation énonciative défective des deux parties signifiant/signifié d’un signe linguistique. En changeant d’espace de langage, le corps de l’énonciateur change d’espace d’appartenance et de règles syntaxiques gouvernant ces espaces. En passant de A à B,  du signifiant au signifié, il change, aux deux bouts du canal de la communication, de géométrie non euclidienne. La géométrie L (comme Lobatchevski) à plusieurs parallèles est du côté de A et la géométrie  R (comme Riemann) sans parallèles, est du côté de B. C’est du côté de A que se développe l’espace RECTO de choix d’un pouvoir politique. C’est du côté de A qu’il faut placer la société à Etat S1 de Pierre Clastres. Par contre, c’est du côté de B que se développe l’espace VERSO de non choix d’un pouvoir religieux. C’est du côté de B qu’il faut placer la société sans Etat S2 de Pierre Clastres. L’objectif du pouvoir politique d’un Etat S1 est de transformer un espace de choix en un espace de non choix. Le but des techniques religieuses S2 que pourrait développer un anarchisme politique radical est de reconquérir l’espace de choix d’un NAITRE SOCIAL [à l’aide de choix fictifs, prénataux ou posthumes] à partir de l’ espace de non choix en crise de la grammaire  de son ETRE SOCIAL.

NOTE FONDAMENTALE SUR LES PROPRIETES SEMIOLOGIQUES D’UNE ENONCIATION DE TYPE LINGUISTIQUE  ET L’EVITEMENT DE L’INCESTE  INSTITUE DANS LES REGLES DE LA PARENTE  :

Toutes les explications données dans les textes de Emile Durkheim (1858-1917), Année Sociologique, Volume 1 [1896-1987], 1898 et de Claude Lévi-Strauss [1949] -pour expliquer l’interdiction de l’inceste –une aberration biologique- font appel à des théories de l’acteur qui sont à mon sens fausses ou insuffisantes. L’exogamie est pour nous une conséquence du REEL sémiologique que désigne le « contre l’Etat » de Pierre Clastres . La sexualité humaine (copulation  j-i/i’, grossesse i’j’/j’’ », accouchement j’/ j’’->i’’, allaitement i’’’j’’’/j’’’’) fonctionne  dès lors  comme un acte  de parole [j’≠j]. Pour éviter que l’accouchement-parole j’/j’’->i’’vienne détruire la naissance-parole j->i/i’, il faut conserver j≠j’ (séparer j de j’/j’’). Il faut  passer de la branche d’un énonciateur [A] à la branche d’un réceptionnaire [B] en se dégageant de la branche de l’énonciateur [A] (ce que nous appelons « déproduction de A » (pour produire B après avoir produit A) -et ce que Clastres appelle « Contre l’Etat »). Il en est de même avec l’exogamie. Il est  nécessaire de se dégager de  l’espace de ses géniteurs  j->i/i’ pour pouvoir se reproduire  j’’->i’’ dans un espace sémiologique humain capable de faire SENS  et « jouissance »  (= un ajustement au SENS capable de se multiplier dans le partage d’un SENS).

Cf. Léon Vandermeersch, Wangdao ou la voie royale. Recherches sur l’esprit des institutions de la Chine archaïque. Ecole Française d’Extrême-Orient,  Tome 1 : Structures cultuelles et structures familiales (1977) ; Tome 2 : Structures politiques, les rites (1980).

Cf. Pierre Clastres,  « Liberté, Malencontre, Innommable »  in   Etienne de La Boétie, Le discours de la servitude volontaire et La Boétie et la question du politique [Textes présentés par Miguel Abensour], Petite Bibliothèque Payot [2002] pp 247-267.

[  » Pensée plus libre que celle d’Etienne de La Boétie, il n’est certes pas fréquent d’en faire la rencontre. Fermeté singulière d’un propos de jeune homme encore adolescent […] . Audace et gravité d’une interrogation  à l’évidence accidentelle : quelle dérision que de tenter d’en rendre compte par le siècle, que de rabattre ce regard altier -insupportable- sur le cercle fermé et toujours retracé des événements. Que de malentendu, depuis le Contr’UN des Réformés ! […]. L’histoire locale et momentanée est à peine, pour La Boétie, occasion, prétexte: rien chez lui du pamphlétaire, du publiciste, du militant. A plus longue portée éclate son agression: il pose une question totalement libre parce qu’absolument libérée de toute « territorialité » sociale ou politique, et c’est parce que sa question est trans-historique que nous sommes en mesure de l’entendre.  Comment se peut-il, demande La Boétie, que la plupart obéissent à un seul, non seulement lui obéissent mais le servent, non seulement le servent mais veulent le servir ?  

 La nature et la portée d’une telle question excluent d’emblée qu’on puisse la réduire à telle ou telle situation historique concrète. La possibilité même de formuler une interrogation aussi destructrice renvoie, simplement mais héroïquement, à une logique des contraires : si je suis capable de m’étonner que la servitude volontaire soit l’invariant commun à toutes les sociétés, la mienne mais aussi celles dont m’informent les livres […], c’est,  bien sûr, parce que j’imagine le contraire d’une telle société, parce que j’imagine la possibilité logique d’une société qui ignorerait la servitude volontaire. Héroïsme et liberté de La Boétie: juste ce facile et léger glissement de l’Histoire à la logique, juste cette béance dans ce qui est le plus naturellement évident, juste cette brèche dans la conviction générale qu’on ne saurait penser la société sans sa division entre dominants et dominés. A s’étonner de cela, à récuser l’évidence naturelle, le jeune homme La Boétie transcende toute l’histoire connue pour dire: autre chose est possible.  Nullement, certes, comme programme à  réaliser: La Boétie n’est pas un partisan.  Peu lui chaut en un sens le destin du peuple  tant qu’il ne se révolte pas […]. Ce qu’il découvre, par glissement hors de l’histoire, c’est précisément que la société où le peuple veut servir le tyran est historique, qu’elle n’est pas éternelle et n’a pas toujours existé, qu’elle a une date de naissance et que quelque chose a dû nécessairement se passer, pour que les hommes tombent de la liberté dans la servitude: « … quel mal encontre a esté cela, qui a peu tant de naturer l’homme, seul né de vrai pour vivre franchement; et lui faire perdre la souvenance de son premier estre, et le désir de le reprendre ?  » 

Malencontre: accident tragique, malchance inaugurale dont les effets ne cessent de s’amplifier au point que s’abolit la mémoire de l’avant, au point que l’amour de la servitude s’est substitué au désir de liberté. Que dit La Boétie ? Plus qu’aucun autre clairvoyant, il affirme d’abord que fut sans nécessité ce passage de la liberté à la servitude, il affirme accidentelle – et quel travail dès lors pour penser l’impensable malencontre ! – la division de la société entre ceux qui commandent et ceux qui obéissent. Ce qui est ici désigné, c’est bien ce moment historique de la naissance de l’Histoire, cette rupture fatale qui n’aurait jamais dû se produire, cet irrationnel événement que nous autres modernes nommons de manière semblable la naissance de l’Etat. En cette chute de la société dans la soumission volontaire de presque tous à un seul, La Boétie déchiffre le signe répugnant d’une déchéance peut-être irréversible: l’homme nouveau, produit de l’incompréhensible malencontre, cet homme n’est plus un homme, pas même un animal, puisque « les bestes… ne se peuvent accoustumer à servir, qu’avec protestation d’un désir contraire…, cet être difficile à nommer est dénaturé.  Perdant la liberté, l’homme perd son humanité. Etre humain, c’est être libre, l’homme est un être-pour-la-liberté. Quel malencontre, en effet, ce qui a pu porter l’homme à renoncer à son être et à lui faire désirer la perpétuation de ce renoncement ! « 

 

 » […] il n’y a pas de prince que l’on puisse opposer au mauvais tyran. La Boétie se soucie peu de caractérologie. Qu’importe en effet que le prince soit d’un naturel aimable ou cruel: n’est-il pas, de toute manière, le prince que le peuple sert ?  La Boétie cherche non en psychologue, mais en mécanicien: il s’intéresse au fonctionnement des machines sociales. Or, il n’y a pas de glissement progressif de la liberté à la servitude: pas d’intermédiaire, pas de figure d’un social équidistant de la liberté et de la servitude, mais le brutal malencontre  [ µ(H)] qui fait s’effondrer l’avant de la liberté dans l’après de la soumission. […]. « 

Pierre CLASTRES   » Liberté, Malencontre, Innommable  » in   Etienne de La Boétie, Le discours de la servitude volontaire,  suivi de  La Boétie et la question du politique,  édition conçue et réalisée par Miguel Abensour, Petite Bibliothèque Payot,  2002.  Extraits du texte de Clastres,  pp 247-250. Le sigle µ(H) est de nous. On le retrouve dans les équations  suivantes:

François I  † 1547 (53)  =  µ(H) Etienne de LA BOETIE (1530-1563) 33 

-> A la mort du roi de France, François 1er , l’année du décès de son collègue, le roi d’ Angleterre Henry VIII †1547 (56), Etienne de La Boétie † 1563  [= 94** MACHIAVEL 58** ==PY [[14]] ] était dans l’année de ses 17 ans . Il n’avait plus que 16 ans à vivre [ RS µh  : 17 x 2  – 1 = 33]

Etienne de La Boétie † 1563 (33)  = µ(H)  Michel de MONTAIGNE (1533-1592) 59  

> A la mort de son ami Etienne de La Boétie, l’année où, par l’Edit d’Amboise, la liberté de conscience est reconnue aux Français, Michel de Montaigne † 1592 [= 123** MACHIAVEL 58** ==PY [[16]]] était dans l’année de ses 30 ans. Il n’avait plus que 29 ans à vivre [ RS µh : 30 x 2 – 1 = 59].

 

Voir, Ch. Bertaux, L’usage sacrificiel non conscient des oblats numériques de type pyrangulaire [PY]. Cf. ci-dessous,  note 41 .    ]

Cf. Michel Cartry, « Les yeux captifs » in Systèmes de signes, textes réunis en hommage à Germaine Dieterlen, Paris Hermann, 1978.

Ch. Bertaux, « Le Nombre de Pindare . Approche linguistique des mathématiques »  [ Texte de la conférence que j’ai produite au Séminaire de Philosophie et de Mathématiques de l’Ecole Normale Supérieure de Paris juin 1984]. Conférence reprographiée à l’Institut des Hautes Etudes Scientifiques, diffusée par l’Ecole Normale Supérieure.

[ Consultable sur INTERNET à Christian Bertaux FLICKR ]

« La Catastrophe archimédo-gravitique » [Texte de ma conférence faite au séminaire de René THOM à l’Institut des Hautes Etudes Scientifiques de Bures-sur-Yvette], in Revue de philosophie culturelle, Ed. Enzo TALARICO, n°7, décembre 1985 , pp 53-64.

[ Consultable sur INTERNET à   Christian Bertaux FLICKR ]

« Les songes de Descartes de la nuit du 10 au 11 novembre 1619. Un problème d’anthropologie religieuse à l’intérieur de l’espace de communication du projet logico-mathématique » [Texte de la conférence que j’ai faite au Séminaire de Philosophie et de Mathématique de l’Ecole Normale Supérieur de Paris juin 1986]. Conférence reprographiée à l’Institut des Hautes Etudes Scientifiques, diffusée par l’Ecole Normale Supérieure.

[ Consultable sur INTERNET à  Christian  Bertaux FLICKR ]

NOTE FONDAMENTALE SUR LE CONCEP DE « GEOMETRIE SIMPLE »  PRODUCTRICE « APOSTERIORI »  D’UN MILIEU ARITHMETIQUE DE VIE LIE A UN « RESSAC DE VIE »  : Cf.  Ch. Bertaux, Approche formelle en sciences sociales. Recherches sur les histoires de vie et sur les biographies. Séminaire de DEA, Université Paris 7- Denis Diderot [1999].

Un « RESSAC DE VIE »  transforme théoriquement l’événement H qui a eu lieu au voisinage du temps T à l’intérieur de l’espace-temps calendrier d’une vie (ou d’une ère) en un événement HH qui a lieu a posteriori au voisinage d’un temps TT dans l’espace-temps calendrier de cette même vie (ou de cette même ère). Par définition, pour qu’il y ait un RESSAC DE VIE, il faut que le couple des deux événements H et HH suivent au moins deux propriétés. D’une part, une propriété informelle [S1] reliant sémantiquement les deux événements H et HH par au moins un SEME DE REPETITION. D’autre part, une propriété formelle [S2] –désignée par un calcul simple- reliant les voisinages des deux temps T et TT (comptés en années sociales entières dans l’espace-temps de cette vie ou de cette ère) où eurent lieu respectivement les deux événements H et HH.  Lorsque la valeur du temps TT est proche de 2T, le RESSAC DE VIE se déploie à l’intérieur d’une géométrie du langage articulé que nous appelons « un milieu arithmétique relatif (ou absolu) de vie pour une longueur de vie allant de l’année N de la naissance à l’année M du décès ( ou de l’année N du début d’une ère à l’année M de la fin de cette ère) ».  Nous parlons alors de « RESSAC DE VIE de milieu de vie » [noté RS-µ]. Lorsque la valeur du temps TT est très différente de 2T, le lien formel pertinent qui relie les deux temps T et TT correspondant aux deux événements H et HH peut être simplement de nature pré-euclidienne (notée PY) [« lire p-i »]. Nous parlons alors de RESSAC DE VIE à valeur « pyrangulaire » [noté RS-PY]. A  l’intérieur d’une « économie politique et religieuse » propre à une « anthropologie de l’Histoire », on peut réinterpréter l’événement HH qui développe le SEME DE REPETITION qui va de l’événement H à l’événement HH comme étant une « offrande sacrificielle masquée » [laïque] à l’intérieur de la géométrie langagière que présuppose ce type de construction. En étant masquée, elle est maximalisée- car, elle ne peut plus se réaliser comme si ce n’était qu’une offrande –non sourde- « symbolique », « ludique », « fictive », de nature sémantique. L’objectif d’un acte de sacrifice « démasqué » -religieux de type géomantique- est de pouvoir « minimaliser » la demande social de ré-événement mortifère HH afin d’éviter l’événement mortel « maximalisé » (masqué) HH=M qui se développe sur un RS-µ en le réalisant symboliquement (de façon « minimalisée » « démasquée ») avant le temps 2T,  sur un RS-PY.

Les « premiers milieux de vie » [notés µ’] sont les voisinages des milieux arithmétiques relatifs de vie µ’< µ qui se situent avant le milieu arithmétique absolu d’une vie µ = (N+M)/2. Voir Roland Barthes (1915-1980) pour le concept de « milieu (partiel) de vie » qu’il proposa, au Collège de France, à un de ses derniers séminaires.

Le fait que la transformation doive se faire dans un texte scientifique est essentiel. C’est toute la différence qu’il y a entre une science [«un mathème» dirait Lacan] et une tradition [une relation de « gourou » – d’inconscient à inconscient- entre le corps d’un maître et celui d’un disciple] .

NOTE FONDAMENTALE SUR LE CONCEPT DE GENERATIVITE EN LINGUISTIQUE : Le concept de grammaire générative en linguistique mathématique a été développé par Noam CHOMSKY (né en 1928). La propriété fondamentale d’une langue, pour Chomsky, est la générativité. Qu’est-ce que la générativité ? C’est le fait qu’à partir d’un nombre fini d’informations, on puisse décoder  un nombre potentiellement infini de phrases. Nous faisons l’hypothèse que la générativité visée par Chomsky n’est pas la propriété caractéristique seulement des langues vernaculaires. C’est la propriété également, d’une part, des GRAMMATIQUES c’est-à-dire des grammaires spécifiques de l’ETRE SOCIAL d’un groupe social historique, capables de générer, de façon codée,  leurs  façons de faire et de penser, d’autre part, des  META-LANGAGES recherchés PAR TOUTE SCIENCE – classique X  ou non classique X/Y- puisque le but d’une science est de décoder un nombre potentiellement infini d’énoncés rationnels à partir d’un nombre fini d’énoncés empiriques.  Les gestes, les imaginaires, les  postures, les pensées, les actes, …, sont codés à l’intérieur d’espaces spécifiques de liberté et de cohérence capable de les engendrer, au second degré, à l’intérieur des règles de générativité que présupposent –mais que n’engendrent pas- les soit-disant  « systèmes de pensée » ».

Les êtres sociaux se déroulent dans leurs façons de faire et de penser à l’intérieur d’ espaces-sémiologiques de langage  transformant les corps et les actes de la vie quotidienne en   corps-mots [ par exemple, une façon de se lever ou de saluer ] , en corps-phrases [ par exemple, une façon de se lever , puis de saluer ] et  en  corps-discours [ par exemple, une façon de se lever, de saluer,  de s’asseoir, puis se re-lever] à l’intérieur de systèmes de cohérence qui fonctionnent comme les grammaires des langues vernaculaires, mais  de façon inversée, dès lors que ces grammaires  énonçent non pas « les signes [ qui se signalent au dehors d’une histoire]  » d’une suite de phrases/mots, mais les  « effacements des signes  [qui ne se signalent qu’à l’intérieur d’une histoire en crise ] » d’une suite de corps-phrases et de corps-mots. Nous faisons l’hypothèse que les systèmes de cohérence entre codes sociaux qui caractérisent historiquement  tel ou tel groupe social – les grammaires de l’ETRE SOCIAL –  ont,  comme les grammaires  d’une langue vernaculaire,  un pouvoir de générativité .  Les façons de faire et de penser des êtres sociaux sont dépendantes de la grammaire générative spécifique qui réglemente leur ETRE SOCIAL. Lorsque ces façons de faire et de penser leur sont imposées de l’extérieur ( comme dirait Durkheim), elles  peuvent ne plus être engendrables par la grammaire de leur ETRE SOCIAL et nécessitent – à l’intérieur d’un espace-temps-sémiologique-coercitif-déterminé de dimension historique (généralement masquée) s’imposant consciemment ou non consciemment aux intéressés-  que les bases de générativité que présuppose leur ETRE SOCIAL soient modifiées. Les représentants d’un ETRE SOCIAL en crise de générativité  sont  dès lors  forcés  – à leur insu-  de modifier leurs façons de faire et de penser, sans disposer des règles de générativités qui leur permettraient de disposer de la « créativité codée » capable de les générer. Cela va les conduire à  produire une demande sociale synchronique de TRANSFERT – sexuelle, politique, culturelle ou religieuse- indigne de la philosophie des Lumières – à la recherche  du site fantasmé – historiquement forclos-  capable de leur livrer les techniques de méconnaissance  – réelles ou fictives-  – historiques ou mythiques-  laïques ou religieuses- conscientes ou non conscientes-  qui leur permettront de  ré-énoncer  [ = de réécrire, de ré-incorporer, de ré-enfouïr et de ré-amnésier]   les bases  sémiologiques de générativité  reformulables capables à partir de la grammaire ancienne de leur ETRE SOCIAL d’engendrer leur ETRE SOCIAL nouveau.  C’est à l’intérieur de ce type de REEL – qui a des exigences techniques et sociales précises, celles en particulier d’éviter de tuer tous les représentants d’un même ETRE SOCIAL en modifiant les règles de générativité de la grammaire que leur ETRE SOCIAL présuppose ( d’où le registre de la « sorcellerie politique » en Afrique noire ) – que se déploie ce que l’anthropologie religieuse a repéré sous le nom de « pratiques religieuses » et,  plus particulièrement, de « prescription divinatoire ».

Christian BERTAUX «Théorie des catastrophes et divination par le sable»  Passions des Formes à René Thom (Resp. Michèle PORTE coordinateur), E.N.S. Editions Fontenay-Saint Cloud, 1994   pp 257-286.

[ Voir également  » Topologie des opérations sacrificielles permettant de descendre les figures de géomancie sur le sable  »  [1981] Texte consultable sur INTERNET  à Christian Bertaux FLICKR . ]

Le canal de la communication que suit le « circuit saussurien de la parole » est déformé de façon vraisemblable, bien que « délirante ». Cf. Ch. Bertaux, « Linguistique occidentale et divination bambara » in La linguistique fantastique, Syvain Auroux, Jean-Claude Chevalier, Nicolas Jacques-Chaquin, Christian Marchello-Nizia, Ed.  Denoël 1985 pp 367-377.

Le circuit de la parole dessiné dans le Cours de Linguistique

Générale de Ferdinand de Saussure [1915]

«  Le circuit saussurien de la parole  suit un cheminement qui fait  appel à huit points .   De la gauche vers la droite se trouvent quatre points :   j—i/i’—j’  avec  j≠j’.  Le double point i/i’ est logé au creux des chaînettes.  Le point  j  est  ici  le point « crâne » du profil A.  Il correspond  de façon naïve au « signifié » [ou à « l’image conceptuelle »]   énoncé par A.  Il est  logé sur la partie DROITE du crâne du personnage  A.  Le point j’ est ici  le point « oreille »  du profil B.  Il  correspond de façon naïve au « signifiant »[ ou à « l’image auditive »] réceptionné par B.  Il  est  logé sur l’oreille GAUCHE  du personnage B.  De la droite vers la gauche se trouvent  quatre  points :  j ∏-i ∏/ i’ ∏–j’ ∏.   Le double point allant de la droite vers la gauche i ∏/i’ ∏ se loge au voisinage du double point allant de la gauche vers la droite  i/i’.  Lorsque les deux têtes A et B   se superposent  ( le profil droite de B s’ajustant sur la tête qui porte le profil gauche de A ), l’ajustement des deux profils se fait  dans le lieu unique d’un POUVOIR qu’on appellera le « MASQUE AB »). Il se réalise en produisant  une torsion  möbienne [confondant  RECTO et VERSO] du canal de la communication représenté par les doubles chaînettes.  La torsion möbienne du canal de la communication aboutit à produire un « court-circuit » de l’espace-sémiologique  désigné par les deux chaînettes qui se croisent  et se plient sur la  MASSE BA ( i=i ∏ /i’= i’ ∏ ) que nous placerons dans le creux des chaînettes  dans une relation de  face à face avec le MASQUE AB.   La production du cheminement  möbien  qui va du MASQUE AB à la MASSE BA, puis de la MASSE BA au MASQUE AB s’énonce en quatre étapes :  la dernière étant l’étape mortelle :  ji/i’∏-j’∏  avec  j= j’ ∏. Le but d’une pratique religieuse de type divinatoire est de transformer  un j=j’∏  mortel en un  j=j 2∏  non mortel. Le but d’un rituel de deuil est de demander au mort de tenir le lieu  j’∏ afin que les vivants puissent avoir le temps de produire  le lieu  j 2∏ avant  de faire retour sur j.

La transformation « SON/SENS » allant  de la gauche vers la droite – de Haut en Bas  j—i , jusqu’au « creux des chaînettes » (i/i’) puis de Bas en Haut   i’—j’  d’un « énonciateur premier » A à un « réceptionnaire premier » B  suit  une « géométrie naïve du langage articulé »  faisant croire que le « double circuit de la parole » dessiné par les étudiants de Ferdinand de Saussure fonctionne comme deux chaînettes physiques d’un réseau télégraphique  qui se  » croiseraient » et  qui « pèseraient » comme si elles étaient prises dans la gravitation.   En fait, la déformation « gravitationnelle » [fantasmée] que désigne le circuit saussurien de la parole suit un ordre de REEL précis que l’on peut mettre en évidence à l’intérieur d’une grammaire  des gestes et de l’arrêt des mots [hausser des épaules, lever des talons, soufflet, pet de bouche, actes phatiques (hum/hum), etc] qui règle les symptômes gestiques très codés propres à  l’histoire de l’ETRE SOCIO-POLITIQUE et SOCIO-RELIGIEUX que présuppose ce schéma. Le circuit saussurien présuppose une démocratie et une égalité sexuelle dans les échanges interpersonnels.  Il demande à tout parlant de s’ajuster – dans l’inconscient de  son ETRE SOCIAL –  sur le sujet supposé sans corps –décapité par la révolution française- de Louis XVI [= le profil A]  ou de  Marie Antoinette [= le profil B].  Le schéma  saussurien  A -> B  dans l’espace-temps-sémiologique  duquel se déploie une transformation SON/SENS  suppose  – à tort – que la transformation inverse  B -> A  « (SENS)/SON/SENS »  allant – de la droite vers la gauche-  de  HAUT en BAS  j ∏–i ∏,  jusqu’au « creux des chaînettes » (i ∏ /i’ ∏ ) puis de BAS en HAUT  i’∏-j’ ∏ – de l’énonciateur second B au réceptionnaire second A-  suit, de façon symétrique, – en MIROIR-  le même cheminement  dans la même géométrie du langage articulé.

Si on suit le schéma du circuit saussurien de la parole, le personnage B doit – à la différence du personnage A-  être capable de modifier rapidement son ETRE SOCIAL en passant  – grâce à une rupture  j’//j ∏ –  de l’espace du signifié i’-j’  déclenché par A à l’espace du signifiant j ∏ i ∏  déclenché dans la réponse de B. Le travail d’extraction [ en  (j’//j ∏) ] est dessiné fantasmagoriquement de façon quasi-« divinatoire » sur le schéma des auditeurs du Cours par une augmentation de la longueur de la gorge de B  plus grande que celle de A.  L’extraction j’// j∏ permet à un auditeur premier B de se transformer en un auditeur/énonciateur second B .  Cette extraction assurée par B implique un  sur-travail  qui (dans la grammaire de l’ETRE SOCIAL que présuppose le « FACE à FACE » saussurien) a longtemps été offert à  la « part femme » de cet  ETRE SOCIAL  (Cf. Jacques Lacan, ENCORE).  A charge, à cette  « part femme » placée du côté du réceptionnaire /énonciateur B,  de maquiller de façon virtuose ( hyper-accélérée)  le défaut de syntaxe j’//j ∏ . Le défaut de syntaxe que doit maquiller  la « part femme » logée en B  du côté du « réceptionnaire/énonciateur »  est à  surmonter  de façon  bien plus rapide que le défaut de syntaxe symétrique  j//j’∏  à surmonter par la « part homme » logée en A  du côté de l’énonciateur/réceptionnaire A.  Le « rouge aux lèvres » [ ajustant une surface VERSO vue de A sur une surface RECTO vue de B ], « une cigarette » [marquant  du côté d’un réceptionnaire  symétrique B le site asymétrique d’un lieu d’énonciation j∏ ] , les boucles d’oreille ( en nombre  pair du côté de B : indice de symétrie propre à un réceptionnaire VERSO  j’ vue par un énonciateur  RECTO j ) ,  le lever des talons ( conservant j∏ ≠ j’), etc,  permettent de brouiller les variations sitologiques et topologiques  qui se développent en  j’//j ∏  du côté de B entre le site j’ du réceptionnaire premier  et  le site j∏ de l’énonciateur second.

ALPHA est une ligne d’énonciation descendante allant de haut [Y] en bas [X]. BETA est une ligne d’énonciation montante allant de bas [X] en haut [Y]. En passant d’une géomancie européenne citadine à une géomancie africaine villageoise, on change de type de canal de la communication. On passe d’une sitologie ALPHA/ BETA, pour deux personnes en face à face, à une sitologie BETA/ALPHA, pour deux personnes côte à côte. Le chef indien décrit par Clastres fait appel à une sitologie BETA/ ALPHA ∏, que j’appelle une énonciation « fumée ». L’opérateur ∏ désigne une rotation de 180 degrés. Dans l’énonciation « fumée » des Indiens d’Amérique [que l’on trouve des Indiens d’Amérique du Nord aux Indiens d’Amériques du Sud], le réceptionnaire/ énonciateur  (j’//j∏) est fantasmé [«céleste »] . Ce sont  aux paroles du chef d’aller –de la terre vers le ciel- chercher le site  politico-religieux d’une écoute/parole  capable de restaurer – l’inconscient de  l’ETRE SOCIAL d’un auditoire (sciemment inattentif) pour être restauré dans les parties non conscientes de son être.  Le chemin énonciatif i’j’ est parfois soutenu énonciativement à l’aide  d’un LABRE capable d’orienter et de canaliser l’énonciation du chef de i’ vers j’ jusqu’à ce point de retour  « céleste »  j’// j∏  [ sans personne]  d’où  s’énonce une « écoute-parole » capable de restaurer tout le groupe social des  auditeurs (dès lors que ces auditeurs demeurent inattentifs c’est-à-dire non pas attentifs au signifié des paroles, mais nourris par leurs signifiants). Le canal de la communication en usage chez  les Indiens d’Amérique semble  historiquement lié  à un contexte  sémiologique et géopolitique faisant l’usage d’actes de communication se déployant à l’aide de fumées dans un espace de langage  dont il nous reste des traces sémiologiques incorporées.

3 2 1

Le triple enchaînement morphogénétique du dessin  [1] et du geste [2]  signifiant « parler »

et de la déformation de la lèvre inférieure  par un labre [3] d’une « énonciation fumée »

Seule la partie « énonciative » initiale  i’->j’ du canal de la communication « fumée »

i’ -j’/j∏i∏  est ici indiquée, la partie réceptionnaire/énonciative  j ∏i ∏ n’est pas donnée.

Le schéma du signe graphique  n°1 « parler » et le dessin  n°2 du geste «parler »  correspondant au signe graphique, sont donnés dans « Les Signes mystérieux des Peaux-Rouges » de George Fronval et Daniel Dubois, Ed. Ferdinand Nathan, 1976. La photographie n°3 de l’ indien portant un labre à la lèvre inférieure  est  celle de Raoni, un des grands représentants charismatiques des indiens Txuccaramaes du Xingu du Brésil. Cette photographie est donnée dans « Raoni, Le tour du monde en 60 jours d’un Indien » de Jean-Pierre Dutilleux, Ed. Filiopacchi, 1989. Du n°1 au n°3, nous passons de l’Amérique du Nord à l’Amérique du Sud comme si certains indiens d’Amérique du Sud avaient incorporé culturellement et réalisé morphologiquement – en déformant leurs lèvres et leurs bouches – une sémiologie énonciatives de type « fumée » venue d’Amérique du Nord.

NOTE FONDAMENTALE SUR LE CONCEP DE « MICROFAIT SOCIAL » ET DE « PRATIQUE FORTE DE TERRAIN »:  Voir  Ch. BERTAUX  [1994] pour le concept important de « microfait social ».

L’ETRE SOCIAL est formé par un grand nombre de codes posturaux, de façons de faire -non conscientes ou peu conscientes- que j’appelle « microfaits sociaux ». Produire une pratique « forte » de terrain en anthropologie « transformationnelle » c’est changer ses microfaits sociaux. Le premier acte de communication qui se produit dès lors entre deux groupes sociaux est un acte de topologie linguistique : c’est l’acte de montrer que le voyageur [S1] peut inclure son corps dans l’espace sémiologique où se trouve le corps de son hôte [S2]. La technique la plus simple est l’offre d’une boisson ou d’un aliment. Grâce au déplacement de l’aliment de l’extérieur à l’intérieur du corps, le corps du visiteur passe de S1 à S2 en chassant –par absorption- S1. Cette petite opération de dé-production de S1 par S2 -universellement utilisée- n’est autre qu’un des actes qui appartiennent à la catégorie « anthropologique » du CONTRE L’ETAT de Pierre Clastres.

[ Rappel :  Un microfait social  [MF]  est une façon de faire, d’énoncer, de se posturer, d’imaginer, de penser,  de marcher,  de courir, etc,  peu consciente ou non consciente, partagée par la majorité des individus d’un même groupe social de référence de telle manière qu’il existe au moins un autre groupe social (de différencequi fait différemment, soit en ne disposant pas d’une majorité d’individus qui font la même chose [signifié]  à l’aide de cette même façon de faire [signifiant]  soit en disposant d’une majorité d’individus qui font la même chose [signifié]  à l’aide d’une autre façon de faire [signifiant].. Dans le premier cas, il est mis en évidence  un seul microfait social, celui du groupe de référence . Dans le second cas, il est mis en évidence  deux microfaits sociaux, un microfait social dans le groupe de référence et un microfait social dans le groupe de différence  [ Le groupe social de différence pouvant être   le même groupe  social  de référence  pris dans d’autres lieux, à une autre époque ou dans d’autres circonstances].  Un microfait social  [MF]  est un des mots d’une grammaire générative Gn  de l’ETRE SOCIAL spécifié An  partagé  – incorporée et amnésiée-  par la majorité des individus d’un groupe social Sn . Lorsqu’un  ethnologue de terrain – produite  une pratique « forte » de terrain, il  est conduit , en changeant de civilisation, de société et de groupe social,  à changer  non pas un seul microfait social, mais à changer  de nombreux microfaits sociaux – des paquets de microfaits sociaux-  reliés entre eux par des règles d’acceptabilité et de cohérence disposant de règles de générativités liées à des façons codées de faire et de penser, productrices d’ une « créativité codée » [ ou  de styles d’existence] . ]

[ L’ethnologie classique ne fait appel  – sur le plan théorique-  qu’à une pratique « faible » de terrain. Elle ne tient pas compte des transformations de la grammaire de l’ETRE SOCIAL  que présuppose le  corps codé de ses observateurs [ qui sont des sujets discursifs supposés sans corps]. Dans une pratique « forte » de terrain, l’ethnologue change d’objectif scientifique.  Il  passe d’une ethnologie  classique de l’observateur  ( où les registres langagiers du domaine d’étude  [X]  sont tenus à distance du domaine langagier du contre-domaine qui fait l’étude [Y] )  à une ethnologie non classique de l’acteur ( où les registres langagiers du domaine focal d’étude [X]  interfèrent sur les registres du contre-domaine  non focal  d’étude [Y]  dans lesquels s’ est encodifié le corps de l’ethnologue  avant qu’il ne fasse du terrain) .  Lorsqu’un ethnologue se trouve en posture d’acteur – dans une pratique  « forte ( au besoin  partielle) de terrain »  –  les modifications de ses microfaits sociaux MF1 sous l’action des microfaits sociaux rencontrés MF2  vont atteindre – de l’extérieur [i/i’]  vers l’intérieur [j/j’]  [ comme dirait DURKHEIM]  – la base  de générativité  B1  de  de la grammaire  générative  G1  de l’ETRE SOCIAL  spécifique A1  que présuppose  le corps encodé  A1 de  l’ethnologue.  Tous les MF 1 de A1 de S1 engendrés par G1  depuis B1  vont être remplacés par des MF2 de A2 de S2 engendrés par G2 depuis B2.  La  transformation  B1/B2  de la base de générativité de la grammaire de L’ETRE SOCIAL de l’observateur/acteur  en situation de métamorphose A1/A2 et de « transfert sur B2 »  ne se fait pas sans danger.  Un transfert raté sur  le site de  B2  se confondant sitologiquement  avec celui de  B1  risque  de détruire B1.  Ce  type de danger –  ressenti par les ethnologues de terrain, mal pensé dans le cadre de leur profession  –  peut être repéré en étudiant les  effets formels de type  « divinatoire »  qu’un premier terrain (ou qu’un drame d’existence)  pourrait être conduit à produire  dans la vie de l’ ethnologue, à l’insu de ce dernier et de ses assujettis, de ses parents, de ses amis, de ses proches, de ses collègues, de ses adversaires et, au delà, de son public..  Un des buts d’une « pratique  ethnologique  de type divinatoire  » est de  repérer et  d’éviter  les effets mortels de X sur Y  [ sur l’ ethnologue ]   et /ou  de Y sur X  [ sur  son informateur]  d’un changement de base de générativité de la grammaire du corps social d’acteurs sociaux munis de corps sémiologiquement codés dans des grammaires  différentes.  ]

J’ai encore en mémoire les quelques mots que Michel Cartry me dit, rue Gay-Lussac , à Paris, juste avant de frapper à la porte de Pierre Clastres . Je prends la responsabilité de la réécriture de « mémoire » de ce témoignage :  « Pierre est un très grand ami. Il fait un travail extraordinaire sur les Indiens du Paraguay qu’il a décrits dans un livre « Chronique des Indiens Guayaki » [1972] qu’il faut absolument lire. Pierre a de plus des dons littéraires, ce qui ne gâche rien. Il est malheureusement en train de VIRER vers la philosophie politique -il passe plus de temps en philosophie politique qu’en ethnologie- j’espère qu’il reviendra en ethno – rien ne lui empêche d’ailleurs de faire les deux choses à la fois. Il utilise en philosophie politique -avec pas mal de culot- une opposition binaire -conceptuelle- trop bien tranchée- entre « Société à Etat » et « Société contre l’Etat » qui n’est d’aucune utilité pour un ethnologue qui s’efforce à décrire des sociétés empiriques sans savoir initialement ce que peut être un Etat. Par contre, l’opposition semble intéresser énormément –c’est bizarre- les philosophes. Les philosophes, n’ayant aucune culture anthropologique- acceptent sans sourcilier cette opposition en ne se rendant compte de rien. » [ Michel Cartry à  Christian Bertaux , 1974] .

Il est facile de voir que les ethnologues de terrain en pays exotique sont épistémologiquement dans des sociétés sans Etat. C’est-à-dire sans l’ETAT qui les fait ethnologues, c’est pour cela qu’ils refusent  que Pierre Clastres le leur dise en s’appuyant sur l’ETAT S1 qui permet de penser, avant enquête, ce que ces ethnologues sont en train de faire en S2, ces derniers étant souvent empiriquement en train de s’occuper de sociétés ayant développé des Etats politiques. Il y a eu confusion entre la forme et le contenu. C’est bien parce que les ethnologues sont épistémologiquement hors de portée du regard de l’Etat S1 d’où s’énonce la philosophie de Pierre Clastres, qu’ils s’opposent à lui. On se trouve dans une structure logique proche d’Epiménide le menteur : « Tous les ethnologues travaillent dans des sociétés formellement sans Etat S2 qui échappent à la grammaire de la société à Etat S1. Or Pierre Clastres est un ethnologue, donc en S2, mais pour pouvoir produire cet énoncé sur toutes les sociétés sans Etat S2,  Pierre Clastres, le philosophe, laisse les ethnologues en S2 et se met en S1». La résistance des ethnologues en S2, en  i’ j’, est la preuve du bien fondé des thèses de Pierre Clastres en j-i. Les ethnologues en S2  qui veulent garder Pierre Clastres en S2, ne peuvent accepter Pierre Clastres en S1.  « Quel CULOT, disait Cartry logé en S2, que Clastres logé également en S2 en tant qu’ethnologue soit capable d’aller énoncer en S1 à des philosophes qui n’y connaissent rien (j—i’ étant impossible) sans la rupture de terrain plaçant l’ethnologue dans la situation d’être un TEMOIN de i’ : de ce que les j ne peuvent voir. »

«  Quel TOUPET, disait Cartry, que ce philosophe Clastres logé en S1 disant aux ethnologues qui sont logés en S2 qu’ils ne sont plus des ethnologues, puisqu’ à l’évidence ils travaillent sur des sociétés empiriques surchargées d’Etat ».  Les mots « Culot » [où l’assise de l’observateur passe de S2 à S1 vue de S2] et « Toupet » [ où la tête de l’observateur  passe de S1 vers S2 vue de S1]  sont codés sitologiquement et topologiquement.

« Dans les siècles passés, on n’a pas toujours appris les sciences dans les livres, sans trop de peine et aux dépens d’autrui, mais les premiers inventeurs ont trouvé et acquis les connaissances les plus excellentes […] par l’étude et la contemplation de ce livre immense que la nature tient constamment ouvert devant ceux qui ont des yeux au front et dans leur tête […] »  Galilée, Lettre à Piero Dini, A Rome, le 21 mai 1611.  [C’est nous qui soulignons].

NOTE FONDAMENTALE SUR LE CONCEPT DE « REEL » EN SOCIOLOGIE QUE PRESUPPOSE CHEZ PIERRE CLASTRES L’IDEE DE « CONTRE L’ETAT » :  Il s’agit d’un REEL « sociologique » nous dit Clastres, un fait non individuel qui déploie ses symptômes dans tous les registres de la vie sociale et de la vie institutionnelle [gestes, mythes, mœurs, idées, institutions, coutumes, arts, etc]. Ce ne sont pas les pensées individuelles de penseurs politiques  « anarchistes » qui sont cause de cette opposition à l’Etat. Les idéologies « anarchistes » des « Sauvages » ne sont que des symptômes subjectifs de ce REEL que Clastres appelle -pour lui même dans sa lutte contre S1 dans S1- « Contre l’Etat ». Il s’agit d’un « fait social total » au sens de Marcel Mauss (1872-1950). J’appelle REEL un processus de mise en forme des réalités perçues ou rapportées, capable de résister aux idéologies et aux croyances, généralement inconnu ou méconnu des intéressés. Le but de toute science est d’accéder à un REEL associable à un domaine classique (X) ou non classique (Y/X)  d’étude.

NOTE FONDAMENTALE SUR LA CONTRE-THESE T1 DE PIERRE CLASTRES:  La contre-thèse T1 est donnée par Philippe Descola [Cf. « La chefferie amérindienne dans l’anthropologie politique » in Revue française de science politique, Année 1988, vol.38, n°5, pp 818-827]. Il n’existe pas de REEL « contre l’Etat » pour Philippe Descola, qui confond « idéologie d’un groupe social » et « REEL sociologique d’un groupe social » et qui cherche à remplacer le politique -une surface antérieure de choix- par le religieux -une surface postérieure de non-choix. On peut alors demander à Philippe Descola qu’est-ce qui fait le religieux ? La réponse est la suivante : Le religieux tend à  réélaborer dans la fiction d’un choix prénatal ou d’un choix posthume les espaces politiques disparus que présupposent les grammaires de l’Etre social qu’utilise, avant l’effondrement du politique, le corps humain pour exister en tant qu’Etre social.

NOTE FONDAMENTALE SUR LA CONTRE-THESE TT1 DE PIERRE CLASTRES:  La contre-thèse TT1 est donnée par Marc Augé [ Cf. « Ces sauvages ne sont qu’une idée » in J.-L. Amselle, Le Sauvage à la Mode, Ed. Le Sycomore, 1979, pp19-15] . Selon l’interprétation que Marc Augé a de la pensée politique et ethnographique de Pierre Clastres, les Guayaki n’existent pas. « Ce ne sont qu’une idée ». Le fantasme d’ un philosophe qui fait parler les Sauvages. Rien de Réel. Une simple inversion sémiologique anti-marxiste (Augé oublie le sérieux de la culture militante communiste de Pierre Clastres). Pour Marc Augé, les Guayaki forment la société prétexte S2 qui permet à Clastres S1 d’avoir  une mauvaise intention. Une intention « bourgeoise ». Le S2 de Pierre Clastres est une base fictive qui permet au dialecticien Clastres de disposer d’une société  inversée, capable de s’opposer à la  conception marxiste du SENS de l’Histoire. Avec sa société fictive Pierre Clastres  dispose, selon Marc Augé, de la base politique contre-révolutionnaire idéale -donc irréelle-  permettant aux anarchistes, aux mouvements du renouveau communistes, au militantisme social anti-appareil, liés aux événements de 68, de fonder leur discours. Pour Augé, il n’y a aucun REEL sous l’énoncé TT de Clastres. Les lois de l’histoire qu’elles  désignent  ne sont pas concevables. Aucune découverte en vue n’est donc à faire. C’est ainsi que  l’ethnologue classique -Marc Augé- peut calmement revenir d’Afrique pour prendre sa bicyclette et papoter  avec finesse sur la « surréalité » des aéroports, au beau milieu du naufrage de l’ethnologie et de la sociologie.

Christian BERTAUX,  »Les outils de l’ethnologue. Le passage par la feuille de papier », in Traverses n° 27/28 « Le papier« , Revue du Centre de Création Industrielle, Centre Georges Pompidou, Paris, mai 1983, pp137-147, 4 photos.  »Linguistique occidentale et divination bambara », in La linguistique fantastique,  avec 6 fig., et une planche  hors texte intitulée « topologie linguistique du signe saussurien », Paris, Ed. Joseph Clims/ Denoël, 1985,  pp 365-377. ‘Le concept de déproduction. Le devenir aveugle chez les Gourmantchè (Burkina faso) », Revue de Philosophie culturelle, n°12, juin 1987, pp 23-62.

« Science, divination, corps. Topologie langagière des espaces anthropologiques et sociaux. Etudes faisant appel à des matériaux principalement recueillis chez les Bambara du Mali. » Thèse de doctorat d’Etat es Lettres et Sciences humaines, Texte de synthèse : pp 1-36, Tomes 1, & 2 : pp1-1421. Université Paris 7-Jussieu [février 1988]

 »La géomancie à l’ancienne Côte des Esclaves de Bernard Maupoil » in  L’Ethnographie, Revue publiée par la Société d’Ethnographie, n° 107,  Paris printemps 1990 pp 117-121.

«Théorie des catastrophes et divination par le sable»  Passions des Formes à René Thom (Resp. Michèle PORTE coordinateur)  E.N.S. Editions Fontenay-Saint Cloud,  1994   pp 257-286;

«Façons de faire et façons de penser. La pratique du terrain dans les sciences sociales. Les cas français et africain.» Mots, Représentations, Enjeux dans les contacts interethniques et interculturels  ( Resp. K. FALL, D. SIMEONI, G. VIGNAUX)  Les Presses de l’Université d’Ottawa, 1994  pp 51-90;

«Des techniques divinatoires aux Sondages » Les Sciences de la Prévision  (Resp. Ruth SCHEPS) Seuil 1996.

« Histoire de Koulibali, l’Immortel, et de Dadouma, le marabout géomancien minyanka. Pour une critique des étayages langagiers que présuppose le projet classique des sciences »  in « Marges contemporaines de la religion » RELIGIOLOGIQUES , 18, automne 1998, 167-274

Texte consultable sur INTERNET    HYPERLINK « http://www.unites.uqam.ca/religiologiques » www.unites.uqam.ca/religiologiques.

Michel CARTRY a cherché à décrire et à comprendre -pendant toute sa vie d’ethnologue- de son premier article paru en 1963 à son dernier paru de façon posthume en 2009, le passage géomantique qui va de l’ONU au PARLI  gourmantchè où l’ONU est  la maison 16 de la géomancie -une maison géante en pays gourmantchè- sur laquelle est posé, à la fin de la consultation -dans l’OSTRACISME d’une parole  silencieuse- un petit morceau de calebasse découpé dans une calebasse usagée (soutirée au pouvoir de gestation des femmes et volée dans la cuisine d’une femme) sur lequel est gravé un SUR-TEXTE divinatoire inscrivant sur une terre « placentaire » le résultat de la parole de la terre (un travail sacrificiel à faire) et où le PARLI (le travail sacrificiel se faisant) n’est autre qu’une procédure d’incorporation du SUR-TEXTE – occupant et éclipsant le SUR-TEXTE en le reliant au TEXTE prénatal de son client -en l’invisibilisant à l’intérieur d’une pratique sacrificielle qui se termine par la destruction et l’enfouissement  du petit morceau de calebasse gravé. Cf. Michel CARTRY, « Note sur les signes graphiques du géomancien gourmantchè », pp 275-306 in Journal de la société des Africanistes [1963]; « De la divination au sacrifice : la métaphore de l’attache », pp 307-360 in  Michel Cartry, Jean-Louis Durand, Renée Koch Piettre, ARCHITECTURER L’INVISIBLE, Autels, ligatures, écritures, Ed. Brepols, Bibliothèque de l’Ecole des Hautes Etudes, Sciences religieuses [2009].

NOTE FONDAMENTALE SUR L’IMAGINAIRE DES GRILLADES QU’ACTUALISE,  DANS LE MONTAGE SEMIOLOGIQUE DE L’ETRE SOCIAL, LE COURT-CIRCUIT  J=J’∏ :   Pourquoi les dieux aiment-ils la viande grillée ? 

Les sémiologies qu’ont incorporées les corps humains pour devenir des ETRES SOCIAUX se court-circuitent en  j= j’∏  à l’intérieur d’une « torsion möbienne » du canal de la communication  [ lorsque A= B] . Le court-circuit  que déclenche en fin de course, une torsion möbienne du canal de la communication [ le recto se confondant avec le verso ] est  capable de « griller » les parties du corps qui ont  incorporé ces sémiologies  « qui se mordent la queue comme des serpents » [j=j’]. Une réalité psycho-somatique dépendante de ce REEL sémio-anthropologique  est certainement à l’origine  du  savoir religieux, expérimenté concrètement  et  fantasmé  subjectivement, par quelques grands acteurs. Elle  est certainement  à l’origine, aussi bien,  de l’ imaginaire des « enfers » (qui brûlent  les corps humains éternellement ) que des  cuisines chargées des « viandes du sacrifice » (où les dieux  sont friands de grillades animales et  où les hommes – comme leurs dieux- ont le goût des viandes cuites).  Car les premières « grillades » ne sont, certainement, que les substituts des grillades  anthropo-sémiologiques qui se déploient à l’intérieur des grammaires  de l’ETRE SOCIAL. Les vraies grillades ne sont  faites qu’avec les incorporations sémiologiques du corps humain. Ces parties  sont captives des gestes et des images que règle le langage articulé.  Elles  grillent lorsque les sémiologies qu’elles ont  incorporées « se tordent sur elles-mêmes » [ pour réaliser j=j’ par j=j’∏].  Lorsque les exigences dramatiques, qui conduisent  les acteurs à chercher à réparer les grammaires de leur ETRE SOCIAL,  sont captives d’un attracteur  langagier qui les voue à vouloir modifier la base de générativité j de leur naissance, ils ajustent  directement  j’∏ sur j.  Ces acteurs  se dirigent  ainsi  vers  les lieux où vont se déclencher leurs propres « grillades » à moins qu’ils ne parviennent à actualiser une parade protectrice : celle qui  propose aux acteurs – dans le fantasme de la soumission à un dieu ou à un maître-  d’ajuster leurs regards sur la ligne de regard de ce dieu ou de ce maître  ji  en repassant de j’ ∏ à j 2∏ avant d’atteindre j.

Christian BERTAUX,  » La technique des prescriptions sacrificielles dans la géomancie bambara [région de Ségou, Mali] », in Systèmes de pensée en Afrique noire, Cahier 6, Le Sacrifice V, Ecole Pratique des Hautes Etudes (5e)/CNRS, Paris 1983,  pp117-130 , 5 fig., 1 photo.

Dans la pensée de Pierre Clastres, s’il y a des « Sociétés contre l’Etat », il  n’y a pas de « Société pour l’Etat ». L’Extinction de l’Etat est une nécessité issue du REEL « contre l’Etat » qui apparaît lorsqu’il y a épuisement des groupes sociaux contre l’Etat. Si tous les groupes sociaux d’une société étaient « pour l’Etat », cette société ne serait plus occupée par des humains. Par contre, tous les groupes sociaux peuvent être contre l’Etat, car les sauvages restent des humains. Il y a une très belle théorie du crime dans la « Chronique des Indiens Guayaki » de Pierre Clastres. C’est afin de réparer la grammaire de leur être social, qui a été mise en danger à la suite de la mort A-GRAMMATICALE d’un jeune enfant en bas âge atteint par un éclair où j=j’, que les Gyayaki vont tuer GRAMMATICALEMENT (bien que de façon pour nous criminelle) DEUX autres enfants tel que j≠j’.

NOTE FONDAMENTALE SUR LES EFFETS LANGAGIERS DU DRAME GEOPOLITIQUE QUI S’EST PRODUIT L’ANNEE 1956 EN FRANCE CHEZ LES MILITANTS ET SYMPATISANTS COMMUNISTES :  Voir à BERTAUX [2010]  les hypothèses formelles que l’on peut produire sur les effets structurants et mortifères  de l’année 1956  sur l’œuvre et la vie de Pierre Clastres et de Michel Cartry.  Cf.  Ch. BERTAUX, « Recherche formelle sur la double dimension langagière d’une vie et d’une œuvre Histoire (de fin) de vie et (Post-)choix théorique.  Etude de cas. Les cas de Pierre Clastres (1934-1977), de Jean Detton (1930-1980), de Michel Foucault (1926-1984), de François Châtelet (1926-1985), de Michel de Certeau (1925-1986), de Louis Althusser (1918-1990), de Dina DREYFUS-LEVI-STRAUSS (1911-1999)  et de Mireille Jospin (1910-2002) qui développent le SEME «  Retour »:

«  Décéder dans l’espace formel d’un RETOUR  DE VIE i’∏-j’∏  dépendant du RESSAC d’un milieu de vie µ(H) ou µ(h) associable au drame géopolitique de l’année 1956 ou 1957 ».  Les cas de Pierre Clastres (1934-1977), de Jean Detton (1930-1980) et d’Yvonne Verdier (1941-1989) qui développent  le SEME  « Virage »: = « Se tuer en ratant un virage avec son automobile en France dans les Cévennes ( i∏-j’∏/j2∏)  ».

Modèle linguistique mathématique permettant de ré-interpréter les dimensions signifiantes d’un acte de fin de vie  (qui sera répertorié a posteriori dans une biographie, mais qui manque toujours dans l’énonciation d’une autobiographie ou d’une « histoire de vie ») ayant la nature  d’un acte  d’énonciation « post-théorique », interne à une « linguistique de l’arrêt des mots » de dimension historique, capable  de compléter une œuvre théorique en se déployant dans  un « espace-temps sémiologique de vie » énonçant  les propriétés  « forcloses » – [S2]  d’un ordre de REEL,  qui  ne peut être que refoulé dans sa mise en évidence, sous le masque  discursif du « signifié » d’ une œuvre écrite [S1].

Résumé :  Pierre Clastres n’a pas été le seul intellectuel  à  développer  en France dans  son décès le SEME  «  Retour  » [ RS µ(H)]  et le SEME « Virage » [ j’∏/ j2∏ ] .  Dans le microcosmos parisien des intellectuels,  ethnologues, écrivains ou philosophes, de cette époque, le SEME « Retour »  (avec µ(h)= µ(H)= 1956 ) se retrouve également dans les vies de Jean Detton,  de Michel Foucault, de François Châtelet et de Michel de Certeau . Pierre Clastres n’a pas été, non plus le seul  intellectuel  à développer  en France,  dans le signifiant de son décès le SEME  « Virage » : «  Décéder en conduisant son automobile en France en ratant un VIRAGE dans les Cévennes ».  C’est le cas également – à ma connaissance- de deux autres personnes amies ou amies d’amis de Pierre Clastres :  Jean Detton et  Yvonne Verdier (1941-1989).  Le cas de Pierre Clastres et de Jean Detton  mérite réflexion.  Ce sont les deux acteurs  d’un même microcosme parisien qui ont développé,  l’un et l’autre,  de façon quasiment homothétique, les deux SEMES similaires de vie, le SEME « Retour [de 1956]» et le  SEME « Virage ». Le fait m’interpelle personnellement.  J’ai  effectivement rencontré  Pierre Clastres et  Jean Detton  -séparément-  à Paris autour de l’année 1974.  Le chercheur français Jean DETTON (1930-1980) fut le compagnon chaleureux, convivial et  génial « communiquant » de la « Société  française de Cybernétique » dont il fut le secrétaire généralC’est à la suite du « 1er Congrès International de Cybernétique »  qui eut lieu,  en 1956, à Namur, en Belgique – avec plus de 800 participants représentant de 22 nations-  que  fut fondée, la même année 1956,  la « Société Internationale de Cybernétique » qui conduisit au rayonnement culturel de l’idée de Cybernétique [ créée en 1947 par Norbert WIENER (1894-1964)] à laquelle Jean DETTON participait. Jean Detton était à lui tout seul « INTERNET avant INTERNET », la « boîte aux lettres et aux idées» de la  France et de l’Europe.  Jean DETTON était partout.  Il ne se passait pas un seul événement culturel en France sans que Jean ne le sache, n’y soit et qu’il ne cherche à mettre en contact- dans une relation de  rencontre  en réseaux- les hommes et les femmes  susceptibles d’être enrichis par  l’éclosion  d’une voie nouvelle, d’un carrefour  d’idées, indépendamment – structuralement- de toute ambition ou vanité académique. Jean DETTON était le compagnon de Ruth SCHEPS, docteur en biologie, qui devint productrice à France Culture  d’émissions scientifiques  et culturelles.  Ils ont eu trois enfants.

Une analyse en parallèle des vies de Pierre Clastres et de Jean Detton – jusque dans la tragédie de leur même fin de vie –  a un grand intérêt.  Nous faisons  l’hypothèse que le signifiant « RETOUR » et le signifiant « VIRAGE » de ces deux fins de vie  font SENS à l’intérieur des propriétés topologiques d’une grammaire de l’ETRE SOCIAL de dimension géopolitique ayant pour flexion l’année 1956. Selon cette hypothèse, leurs « histoires de vie » – transformées a posteriori en « biographies » – étaient à la recherche de la reformulation sémiologique  i’∏j’∏//j2∏i2∏ de la base de générativité de leur  ETRE SOCIAL remise en question à partir de l’année 1956.  Décoder ce SENS, c’est, dès lors,  poursuivre une parole silencieuse capable de désigner  le  « post-choix théorique » d’auteurs qui s’ énonce  –jusque dans la fin  anticipable  [ qui aurait donc pu être évitable]  de leurs fins de vie–  dans les propriétés formelles de  la vie et  de l’œuvre de ces  auteurs.

Cf.  La « Pierre de Rosette »   est un fragment de  stèle en basalte noir  qui a été découvert en 1799 par le commandant d’artillerie Boussard, pendant l’occupation par  l’armée de  Bonaparte  (1769-1821) de la ville égyptienne de Rosette ( de l’arabe « Rachid »).  Sur ce fragment de stèle est  inscrit un même message ( UN seul « signifié ») à l’aide de trois inscriptions différentes ( TROIS « signifiants » distincts): la première  inscription (I) est  en caractères hiéroglyphiques, la seconde  (II) en caractères démotiques et la troisième  (III) en grec datée de 193 av. JC.  C’est grâce à cette triple formulation d’un même message que Jean-François CHAMPOLLION (1790-1832)   -Champollion dit le Jeune-  a pu faire avancer à grand pas la lecture des Hiéroglyphes. J’ai eu la chance – mutatis mutandis –  pour décoder  les pratiques que permet la géomancie à 16 figures de disposer  de trois  « façons de faire, de dire,  d’énoncer, de sacrifier, d’imaginer et de penser »  liées à trois sociétés différentes :  (I)  la pratique de la géomancie  bambara de la région de Ségou au Mali  [une géomancie africaine  villageoise qui utilise un ordre des 16 figures de la géomancie] ;  (II)  la pratique  de la géomancie gourmantchè de Haute Volta (Burkina Faso)  [une géomancie  africaine villageoise qui n’utilise pas un ordre des 16 figures de la géomancie] ; (III)  la pratique  de la géomancie  latine à 16 figures [ une géomancie européenne citadine qui n’utilise pas un ordre des 16 figures de la géomancie]. A la différence d’un ethnologue classique, j’étais un bon technicien en « géomancie » [depuis 1962] avant d’être « ethnologue » [en 1976].  J’avais, avant de partir en Afrique en 1976/77,  une longue pratique  de la géomancie latine – sans ambiguïté déontologique – en tant que scientifique. Je savais produire et interpréter un thème de géomancie latine depuis de nombreuses années. Attentif aux gestes, aux postures du corps et aux pratiques, j’en connaissais la pratique comme  le feraient un bon « paléontologue » capable de retrouver les gestes que durent utiliser les hommes de la préhistoire pour  arriver à tailler un silex, un bon philologue « dramaturge » capable d’énoncer et de mettre en scène un texte de l’antiquité classique  ou  un bon archéologue « technologue » capable de construire une tombe selon une technique manuelle disparue.  En allant en Afrique, j’ai été donc conduit à  reformuler ma pratique de géomancien pour produire – de la feuille de papier au sable- dans l’évitement de la feuille de papier- mon travail d’ethnographe.  J’ai compris l’importance qu’il y avait à ne pas replacer sans précaution, dans une feuille de papier, une pratique africaine non écrite qui fait appel à une autre grammaire de l’ETRE SOCIAL. En passant de la feuille de papier au sable, j’ai été conduit à  transformer ma pratique. Une géomancie africaine villageoise ne loge pas son devin sur le site anthrologique, sociologique et politique,  où se trouve le géomancien lettré,  lecteur d’une feuille de papier. En ne connaissant pas la pratique « lettrée » de la géomancie, les  philosophes et les ethnologues classiques  qui, dans leur contact avec d’autres sociétés, ont été conduits à décrire des figures de la géomancie tracées sur du sable ou de la poussière  (Bernard MAUPOIL (1906-1944) [géomancie d’un devin musulman toucouleur de l’ancien Dahomey],  Robert  JAULIN [géomancie sara] , Albert Néron de SURGY [géomancie par le Fa des Evhé du Bénin] , Michel CARTRY [géomancie des Gourmantchè] , Philippe JESPERS [géomancie minyanka du Mali],  Sada Mamadou BA  [géomancie peul du Sénégal ],  Catherine MILLER [ géomancies du Darfur], Mamadou Lamine TRAORE (1947-2007) [géomancie bambara et sarakolé ], etc ) ont tendance à replacer  – sur le modèle bureaucratique d’un Etat culturel de type colonial- ces pratiques géomantiques dans l’espace-temps-sémiologique erroné de la feuille de papier.  Les lettrés non géomanciens n’ont pas les moyens de changer de pratique géomantique. Ils décrivent les pratiques des géomanciens non lettrés dans l’artéfact sémiologique de leur feuille de papier  sans pouvoir tenir compte du fait que  les  pratiques africaines,  qui  se font sur un support « sable » dans la différence  à un support « calebasse »,  font exploser  – en suivant les exigences propres aux pratiques du CONTR’UN  qu’impose le REEL sociologique « CONTRE L’ETAT » désigné par Pierre Clastres-  les présupposés sémiologiques et anthropologiques de la « feuille de papier ». Cf. Christian BERTAUX et Philippe JESPERS,  « Quelques opérations sacrificielles liées aux géomancies bambara et minyanka du Mali« ,  Système de pensée en Afrique noire, cahier n°5 [1981]. Christian BERTAUX, « Les outils de l’ethnologue. Le passage par la feuille de papier« , Traverses, Revue du Centre de Création Industriel- Georges Pompidou, n°27-28, mai 1983 pp 136-147.

UNE DECOUVERTE FONDAMENTALE EN ANTHROPOLOGIE  HISTORIQUE  [2001] :

Christian BERTAUX « De l’existence d’un REEL simple dans les sciences sociales . Le LOGOS DE FORME  des trois souverains  Charles 1er d’Angleterre, Louis XVI de France et Nicolas II de Russie». Mémoire scientifique.  [Paris, 2005].

Résumé : J’appelle REEL associé à un domaine d’étude, un processus de « mise en forme » S2 des réalités, perçues ou rapportées, d’une partie de ce domaine d’étude, capable de s’opposer -par la force de sa mise en forme- à la « mise en forme » S1 (plus faible) que déploient les syntaxes de cohérence d’un discours. Un LOGOS DE FORME (Cf. René Thom) est un REEL intelligible par sa forme. Ex: La « loi de la chute des corps » issue de Galilée, x = 1/ 2 g t**2 [ lire  » x est égal à un demi de g t 2″ ], désigne un REEL, mais ce  REEL n’est pas – à ma connaissance – comme le voulait Hegel, un LOGOS DE FORME. Car ce REEL n’est pas intelligible à partir du fait que son équation désigne un morceau de parabole. Par contre, la « loi de la chute des rois » donnée ci-dessous, µ(H) = N’ [lire « Mu de H est égal à N prime »], désigne par sa mise en forme un REEL qui, à la différence de la loi physique de Galilée -dans l’état de nos connaissances-, est un LOGOS DE FORME. Car ce REEL est intelligible par le fait que son équation désigne une forme qui s’apparente à la déformation géométrique d’un canal de la communication.

Procédure générale : Pour démontrer l’existence d’un REEL associé à un domaine d’étude, il est nécessaire de pouvoir caractériser une partie de ce domaine à l’aide d’au moins deux propriétés caractéristiques S1 et S2 : de telle manière que la propriété S1 soit engendrable dans un LOGOS 1, incapable d’engendrer la propriété S2 et, réciproquement, que la propriété S2 soit engendrable dans un LOGOS 2, incapable d’engendrer la propriété S1. Etant donné qu’on a deux propriétés caractéristiques indépendantes visant le même objet tel que S1 = S2, on démontre ainsi qu’il existe un REEL dépendant du domaine d’étude qui tient la syntaxe manquante (=). [ Remarque générale : S’il existait une théorie unifiée en physique, il n’existerait plus de REEL de nature sémantique, puisqu’on confondrait les propriétés du domaine étudié avec celles du discours qui l’étudie. On n’aurait à faire qu’à un totalitarisme (où j=j’) destructeur des dimensions sémiologiques de tout domaine, humain ou non humain].

Démonstration dans les sciences sociales: Soit le corpus complet de tous les souverains de France depuis Pépin le Bref (714-768). Il est possible de produire deux propriétés caractéristiques capables de désigner Louis XVI (1754-1793), l’une en LOGOS 1 [le logos informel des historiens et des sociologues littéraires], l’autre en LOGOS 2 [le logos formel des anthropologues et sociologues linguistes mathématiciens]. La propriété S1 s’énonce ainsi : S1= «Avoir été exécuté à la suite d’une grande révolution sociale et politique productrice d’un régime à souveraineté non héréditaire au moins initialement». Existe-t-il une propriété caractéristique formelle S2 capable de paraphraser la propriété informelle S1 ?

Cette propriété existe, mais elle est « inimaginable » et donc « supposée ne pas exister ». Pour arriver à ‘imaginer informellement l’existence de cette propriété, il faut passer par la pratique de l’ethnologie de terrain et l’anthropologie transformationnelle. Mais cela ne suffit pas.  Pour arriver à l’imaginer formellement -afin de trouver les bonnes médiations formelles adéquates- il faut passer par un modèle linguistique mathématique de l’anthropologie transformationnelle. Grâce à ces deux méthodologies, je peux désormais énoncer la propriété S2 en LOGOS S2 et affirmer -après une longue vérification faisant appel à plus de 294 calculs- qu’il existe une propriété S2 de LOGOS 2 formellement intelligible, capable de paraphraser la propriété S1 de LOGOS 1. [C’est parce que cette propriété est intelligible qu’on peut avoir l’idée -et le courage- en la vérifiant, de vaincre l’obstacle épistémologique qui nous présente cette propriété caractéristique -« inimaginable »- comme absurde et ridicule].

La propriété S2 s’énonce ainsi : S2= « Avoir commencé son début officiel de règne  N’,  à la mort de son prédécesseur,  l’année entière µ (H) – Lire MU de H – qui suit le milieu arithmétique de sa vie µ avec  µ=(N+M)/2 où N est l’année de sa naissance et où M est l’année de son décès dans le calendrier J.-C« . Cette propriété formelle S2 de LOGOS 2 -non engendrable par un LOGOS 1- est une propriété caractéristique du seul roi de France désigné par la propriété S1 de LOGOS 1. Ceci indépendamment du nombre de rois et du nombre de révolutions. Les deux propriétés S1 et S2 ne visent -l’une et l’autre- que Louis XVI parmi tous les souverains de France depuis Pépin le Bref.

Il serait raisonnable -si on en restait là- de penser qu’il s’agit d’une coïncidence sémantiquement non pertinente. On peut alors montrer que cette coïncidence n’en est pas une, car elle se répète trois fois et que la forme que présente cette régularité étonnante est intelligible. Pour vérifier que cette double caractéristique S1=S2 n’est pas aléatoire [une coïncidence formelle], il suffit de produire la même recherche sur les deux autres révolutions européennes apparentées, qui se sont produites, l’une avant la révolution française, l’autre après la révolution française. Il est facile de vérifier que cette singularité sémantique et formelle est stable pour les trois corpus des souverains anglais, français et russes. La propriété S2= { µ(H)=N’ } est également une  propriété caractéristique qui ne désigne qu’un seul souverain en Angleterre/Grande Bretagne. Seul Charles I d’Angleterre (1600-1649) est visé par S1=S2, depuis Guillaume le Conquérant (1027-1087]). On vérifie de même que c’est le cas pour l’empereur Nicolas II de Russie. Seul parmi tous les tsars empereurs, Nicolas II (1868-1918) est visé par S1=S2, depuis Ivan le Terrible (1530-1584), le premier tsar de Russie.

Nous pouvons donc désormais affirmer qu’il existe bien un REEL d’expression formelle simple où S1 (d’un LOGOS 1) = S2 (d’un LOGOS2) que l’on peut associer au domaine d’étude des sciences sociales. Et notre démonstration de « l’existence d’un REEL d’expression simple dans les sciences sociales » est faite. Il nous faut alors démontrer que ce REEL est bien un LOGOS DE FORME c’est-à-dire un REEL « intelligible par sa forme ». Effectivement, le REEL démontré d’équation µ(H)=N’ qui s’apparente à une loi de l’histoire, désigne une forme géométrique intelligible d’expression linguistique mathématique non aléatoire. La probabilité de ce type d’événement, s’il était aléatoire, est de l’ordre de 1 / 2**22 [c’est comme si on gagnait 22 fois de suite à un jeu de pile ou face]. Le jeu de pile ou face utilisé par l’Histoire de la France, de l’Angleterre et de la Russie, est donc nécessairement pipé. Qu’est-ce qui pipe les jeux supposés aléatoires de l’Histoire ? La propriété S1=S2 des trois souverains étant, par sa forme, de nature linguistique « sémio-anthropologique », on peut désormais affirmer que cette grande singularité historique est dépendante des déformations de l’espace-temps-sémiologique, incorporées dans les actes de la vie quotidienne, à l’intérieur des grammaires de l’ETRE SOCIAL qui fabriquent avec des corps humain des êtres sociaux sémiologiquement codés. La propriété µ(H)= N’ désigne un objet de langage O[( j->i) t/ (i’->j’) tt)], où  j=N , j’=M et i/i’ = µ(H) et où  O(t) =N , t=N’ et tt=M.

On peut donc faire l’hypothèse que c’est pour éviter que l’espace sémiologique (impliquant que j≠j’), dans lequel se nichent les ETRES SOCIAUX de cette époque, ne se détruise (en produisant j = j’), que ce sont déployés des attracteurs formels à l’origine des mouvements révolutionnaires.

Nous avons affaire à une « économie politique et religieuse » de type sacrificiel interne à une anthropologie langagière de l’Histoire (où le sociologique tend à masquer l’anthropologique). Toutes les explications des mouvements révolutionnaires que donnent actuellement les historiens et les philosophes du politique manquent l’essentiel : le REEL des sciences économiques et sociales, c’est-à-dire, dans le cas précis des souverains de France, d’Angleterre et de Russie, l’existence d’un ordre de REEL de nature anthropologique et sémiologique historique dépendant non des années qui se trouvent au voisinage des exécutions [1649, 1793, 1918], mais des années qui se trouvent au voisinages du début des règnes  [1625, 1774, 1894]  des souverains exécutés.

Exemple de « géométrie simple »  en RESSAC  montrant le lien formel  µ(H)  qu’il y a entre la naissance [N] , le début de règne [N’] et l’exécution [M] des trois souverains européens qui furent exécutés à la suite d’une grande révolution politique et sociale.

[ La traduction anglaise de la note 40 a été donnée dans le texte bilingue intitulé « A fundamental discovery in historical anthropology / Une découverte fondamentale en anthropologie historique » (2001)].

NOTE FONDAMENTALE SUR LES EFFETS FORMELS QUE DECLENCHENT LES RELATIONS SEMANTIQUES DE TYPE TRANSFERENTIEL ENTRE UN DISCIPLE ET UN MAITRE CELEBRES :

Christian BERTAUX, « Dictionnaire des relations de disciple à maîtres célèbres et de maître à disciples célèbres » Approche formelle des bibliographies et des histoires de vie. Recherche sur les géométries du langage articulé. Les régularités historiques. Les autoroutes politiques et culturels.  Les Ecoles de pensée » Texte formé de deux parties, une partie « Histoire » et une partie « Culture ». [Paris, 2010]

Résumé : Texte vérifiant statistiquement l’existence d’une paraphrase entre SENS et FORME  (l’inverse est souvent faux. Une Forme peut ne pas avoir de sens). Il existe une loi très générale « inimaginable » reliant les histoires de vie entre disciples et maîtres célèbres. Elle s’énonce ainsi : «Lorsqu’il y a un lien sémantique, historique ou conceptuel, entre un disciple célèbre et un maître célèbre, le disciple célèbre meurt sous l’horloge marquée de son maître célèbre » [nous ne pouvons indiquer ici le sens mathématique précis qu’a l’expression « horloge marquée ». Il suffit de dire qu’il existe un calcul qui permet de vérifier la traduction formelle [S2] du lien sémantique [S1] qui se déploie d’un disciple à un MAITRE, par exemple :  Platon -> SOCRATE;  Napoléon III -> NAPOLEON I; Calvin -> LUTHER; Racine -> CORNEILLE; Spinoza-> DESCARTES; Engels -> MARX;  Lénine -> MARX; Lacan -> FREUD, etc. D’où la découverte des propriétés mortifères des Ecoles de pensée et des courants politiques – la majorité des freudiens meurent sous Freud, la majorité des marxistes meurent sous Marx, la majorité des sociologues de l’Ecole française de sociologie meurent sous Durkheim, etc. On peut réinterpréter les prescriptions sacrificielles de l’anthropologie religieuse comme des techniques essayant d’échapper – à l’intérieur d’une économie politique et religieuse interne à une anthropologie de l’Histoire– à cet ordre de REEL. Texte de 8 000 pages [Paris, 1994 -2010].

LES RYTHMES DYNASTIQUES QUE DECLENCHENT LES GRANDS EFFONDREMENTS GEOPOLITIQUES :  Voir Christian BERTAUX, Les sciences sociales peuvent-elles découvrir quelque chose ? L’exemple du gouffre de Louis XV. Recherche formelle sur les effets géopolitiques, liés à la présence et à l’effondrement de la présence romaine,  qui se développèrent sur les grammaires de l’ETRE SOCIAL gallo-romain et franc, inducteurs formels des grands clivages dynastiques de l’histoire de France. Séminaire de DEA. Université Paris7-Denis Diderot [2001].

43   Le texte  d’origine  de langue française  écrit en hommage à Pierre Clastres est  consultable sur INTERNET  à  «www. bertaux-glah.fr ».  Il suffit de taper  sur  GOOGLE :   » Bertaux Clastres  » ou  » Cartry Clastres ».

Fin des notes de langue française qui accompagnent le texte bilingue

FIN DU TEXTE

bertaux-glah.fr